BEAUVOIR, Roger de 1809-1866 Le Tailleur 1842. Saisie du texte S. Pestel pour la collection Ă©lectronique de la MĂ©diathĂšque AndrĂ© Malraux de Lisieux Relecture A. GuĂ©zou. Adresse MĂ©diathĂšque intercommunale AndrĂ© Malraux, 27216, 14107 Lisieux cedex -TĂ©l. Fax Courriel mediatheque [Olivier Bogros] obogros Diffusion libre et gratuite freeware Orthographe et graphie conservĂ©es. Texte Ă©tabli sur un exemplaire BM Lisieux 4866 du tome 5 des Francais peints par eux-mĂȘmes encyclopĂ©die morale du XIXe siĂšcle publiĂ©e par L. Curmer de 1840 Ă 1842 en 422 livraisons et 9 vol. Le Tailleur par Roger de Beauvoir ~ * ~ M. JOURDAIN. Comment, mon habit nâest point encore arrivĂ© ? LE LAQUAIS. Non, monsieur. M. JOURDAIN. Ce maudit tailleur me fait bien attendre, pour un jour oĂč jâai tant dâaffaires ; jâenrage ! Que la fiĂšvre quartaine puisse serrer bien fort le bourreau de tailleur ! au diable le tailleur ! La peste Ă©touffe le tailleur ! Si je le tenais maintenant ce tailleur dĂ©tes- table, ce chien de tailleur-lĂ , ce traĂźtre de tailleur !... Le Bourgeois gentilhomme, acte II, scĂšne 7. Mon pĂšre a lâhonneur dâavoir le premier retenu son haleine en se faisant prendre la mesure dâun habit, afin quâil y entrĂąt moins dâĂ©- toffe. Le Roman comique, chap. XIII. QUEL est ce pauvre hĂšre, aussi maigre que la batte dâArlequin, jaune et maladif Ă faire trembler, dont la poitrine rentrĂ©e dĂ©crit un arceau, dont les jambes grĂȘles forment un X ? Un bouquet de barbe taillĂ©e en pointe Ă la façon de celle de Don Quichotte grisonne sur son menton, des lunettes de magicien ou dâalchimiste pincent son nez ? il laisse tomber de joie ses ciseaux en vous voyant tourner le coin de sa rue et monter ses quatre Ă©tages. Vous sonnez Ă sa porte, et il vous reçoit avec les façons les plus humbles, vous offrant la meilleure chaise de chez lui. Il nâa pas de valet, il nâa que sa femme, sorte de figure chinoise qui incline la tĂȘte Ă vos moindres ordres, et dont le sourire stĂ©rĂ©otypĂ© commence au premier de lâan pour finir Ă la Saint-Sylvestre. A vous voir monter chez cet homme logĂ© au plus haut palier de la maison, vivant dans une cage mĂ©phitique, entre un perroquet dĂ©plumĂ© et une femme qui sent la cuisine, un provincial croirait que vous lui portez quelque aumĂŽne ; vous sortez cependant, et il vous reconduit, son bonnet de soie noire Ă la main, en descendant vingt ou trente marches. Serait-ce un usurier ? il est trop modeste ; un propriĂ©taire ? il serait bien mal logĂ© ; un auteur ? cela pourrait ĂȘtre. Levez les yeux et regardez cet Ă©criteau, il vous dira son mĂ©tier. Câest un tailleur. Et ce monsieur en frac noir mollement portĂ© sur les coussins de cet Ă©lĂ©gant cabriolet, ayant un nĂšgre en livrĂ©e Ă cĂŽtĂ© de lui, et qui conduit en gants jaunes, sans crier gare par les rues les plus difficiles ? Son harnais est dans le dernier goĂ»t, son cheval lui a Ă©tĂ© vendu par CrĂ©mieux ; il a achetĂ© ce nĂšgre, parce quâun nĂšgre dans un Ă©quipage est de trĂšs-bon air. Les roues de son char vous frĂŽlent en passant, il manque de vous Ă©craser. Quel est cet insolent ? » demandez-vous au commissionnaire du coin qui le connaĂźt. Il rĂ©pond Câest un tailleur. » Dans lâĂ©tat de tailleur on est le favori ou le plastron de la fortune. On habite des salons ou une mansarde ; on a une loge aux Bouffes, ou lâon vĂ©gĂšte. Un tailleur du nom de Reblet vient de faire construire une fort belle maison en pierres de taille, rue de Richelieu, Ă deux pas du monument de MoliĂšre ; la façade porte son nom. Un autre tailleur, qui sans doute avait lu Chatterton, sâest suicidĂ© rue du Pot-de-Fer pour avoir manquĂ© un habit de garde national. Au temps oĂč nous vivons, tout le monde sâhabille, Ă trĂšs-peu dâexceptions prĂšs ; mais ce quâil y a dâinfiniment triste pour les tailleurs, câest que tout le monde sâhabille de mĂȘme. Lâhabit noir est devenu la charte universelle ; il fera le tour du globe. Câest Ă lâAngleterre que nos malheureux drapiers doivent cette rĂ©volution. Lâhabit de Franklin et son grand chapeau de quaker ont portĂ©, vers la fin du dix-huitiĂšme siĂšcle, le premier coup Ă la soie et au velours. Autrefois, dans une maison bien rĂ©glĂ©e, le valet de chambre dâun grand seigneur devait prendre soin dâhabits tellement miraculeux, que les plus beaux coffres en laque et en bois de rose ne paraissaient pas trop magnifiques pour les renfermer. La confusion des rangs nâavait pas encore amenĂ© celle du costume, les princes Ă©taient vĂȘtus comme devaient lâĂȘtre les princes, les bourgeois portaient lâhabit de la bourgeoisie. Les artistes, les poĂ«tes, musiciens ou peintres, avaient non-seulement des Ordres qui les distinguaient et les classaient dans le monde ; mais encore on les reconnaissait Ă la seule couleur ou Ă la coupe de leur vĂȘtement. La condition du tailleur sous les siĂšcles prĂ©cĂ©dents semble plus lucrative au premier abord ; ils taillaient en grand dans la soie et le velours, ils Ă©taient Ă la fois marchands de bas, rubaniers, cordonniers, etc., ils se chargeaient de tous les dĂ©tails dâune toilette. La scĂšne huitiĂšme du Bourgeois gentilhomme mentionne expressĂ©ment les bas de soie et les souliers envoyĂ©s par le maĂźtre tailleur Ă M. Jourdain 1. Atteints dans leur industrie sous les premiers rĂšgnes, par la publication des lois somptuaires, les tailleurs ne se vengĂšrent que trop de cet Ă©dit par la suite lâampleur des Ă©toffes, les broderies, les fourrures, coĂ»taient de bons Ă©cus tournois Ă nos ancĂȘtres. Le plus beau temps des tailleurs dut ĂȘtre celui des Valois, de Louis XIII et de Louis XIV. Les modes dâItalie et dâEspagne servaient de prĂ©texte Ă lâexagĂ©ration du luxe, il est vrai ; mais, il faut le reconnaĂźtre aussi, les tailleurs Ă cette Ă©poque Ă©taient de vĂ©ritables artistes. Ils existaient en corporation, ils se communiquaient des dessins et des idĂ©es. Les peintres, on ne peut le nier, avaient alors sur les modes une influence plus marquĂ©e quâils ne la possĂšdent aujourdâhui que tout le monde se ressemble. Depuis les gravures de Callot jusquâaux toiles de Boucher, quelle vaste bigarrure, quelle friperie de costumes ! Alors le tailleur pouvait sâĂ©crier Ă bon droit Et ego pictor ! Il rĂ©pandait le dessin et les fleurs de la broderie sur le costume ; il Ă©tait chargĂ© dâexĂ©cuter les pompeux habits inventĂ©s depuis les fĂȘtes de François Ier jusquâaux carrousels de la princesse dâĂlide. Quelle gloire pour lui de voir son Ćuvre applaudie Ă lâĂ©gal dâune Ćuvre de MoliĂšre, dans ces admirables quadrilles de Versailles, oĂč il ne sâagissait de rien moins que de reprĂ©senter Thalestris, reine des Amazones, venant au camp dâAlexandre avec sa suite ! Le dauphin surchargĂ© de pierreries, dâor massif et de dentelles, faisait Alexandre, madame la duchesse de Bourbon reprĂ©sentait Thalestris. Les Amazones de cette fĂȘte guerriĂšre, toutes distinguĂ©es par leur rang, leur esprit et leur beautĂ©, toutes portant des noms aussi illustres que ceux des Choiseul, des dâEstrĂ©es, des La Fare, des dâHautfort, des dâHumiĂšres, passaient et repassaient dans ces jeux galants et magnifiques comme autant de constellations royales. Les diamants pleuvaient Ă leurs cheveux, Ă leurs robes ; quand elles couraient la bague, câĂ©tait Ă Ă©blouir, Ă vous donner le vertige ! Imaginez-vous pendant ce temps le tailleur de la cour 2 cachĂ© dans lâombre de quelque charmille, comme un auteur qui se cacherait dans la coulisse, suivant du regard chacun de ces hĂ©ros quâil a vĂȘtus, chacun de ces princes qui lui a coĂ»tĂ© tant de veilles ! Il tremble, il frĂ©mit Ă chaque volte dĂ©crite par les chevaux, Ă chaque froissement impĂ©tueux des cavaliers ; la sueur inonde son front, il croit voir lâhabit de M. le Prince se dĂ©chirer, le pourpoint guerrier de mademoiselle dâHumiĂšres craquer insidieusement. Il lui faut les Ă©loges dâun CondĂ© ou du roi lui-mĂȘme pour se remettre ; sans cela le digne homme se frapperait peut-ĂȘtre de ses ciseaux comme Vatel de son Ă©pĂ©e. Mais aujourdâhui, bon Dieu ! que reprĂ©sente un homme qui sâintitule Tailleur de la cour et des princes ! Aujourdâhui quâil nây a plus de Maison du Roi, et que les tailleurs ne portent plus lâĂ©pĂ©e ; aujourdâhui ce qui est plus grave que le premier des princes sâhabille comme le premier des bourgeois, que veut dire ce mot Tailleur de la cour ! Il y en a par centaines et par milliers ; il y en a jusque dans la banlieue, aux Batignolles et Ă Belleville. Il suffit dâun homme qui a fait six gilets de bal Ă quelque prince, pour que le prince lui donne ce titre en guise de rentes, dâhonneurs, et de bouche Ă la cour. En gĂ©nĂ©ral, ce sont de tristes ouvriers que tous ces tailleurs en titre, fussent-ils protĂ©gĂ©s par les maisons de France, dâAllemagne ou de Nassau. On ne saurait rien voir de plus maussadement habillĂ© que tous les gens de la cour, depuis les prĂ©cepteurs des princes jusquâaux commis, depuis les ministres eux-mĂȘmes jusquâĂ leurs laquais. DâoĂč vient ceci, et nây aurait-il point quelque flatterie indirecte dans cette humilitĂ© princiĂšre qui sâest retranchĂ©e pour tout luxe dans le frac bourgeois, les socques et le parapluie ? Nous parlerons durant le cours de cet article assez longtemps du tailleur civil, pour nous occuper dâabord du tailleur militaire. Le tailleur militaire a dĂ» se ressentir nĂ©cessairement des vicissitudes politiques. Toutefois, hĂątons-nous de le dire, une branche importante rendue Ă son commerce habituel depuis juillet 1830, câest lâhabit de garde national. Ce travestissement milicien, dont la forme a dĂ©jĂ changĂ© plusieurs fois, paraĂźt devoir ĂȘtre immuable. Nous ne pouvons affirmer quâil brille par les agrĂ©ments, sa simplicitĂ© Ă©tant connue, mais il est prescrit par les ordonnances, et parade aux jours dits sur le dos des lĂ©gionnaires plus ou moins bien faits. Une tĂȘte dâĂ©picier ressortant de ce frac bleu produit sur le passant le plus morose un effet dĂ©sopilant ; il croit voir une coloquinte guerriĂšre. Lâhabit de la garde citoyenne ainsi confiĂ© aux mains du tailleur, celui-ci nâa plus quâĂ Ă©tudier le galbe du hĂ©ros quâil doit vĂȘtir ; sâil est fluet ou ventru, si sa poitrine rentre, etc., etc. Le grand calcul du tailleur militaire consiste Ă habiller fort juste les gens qui prennent du ventre, il fera de la sorte deux habits par an Ă son digne bĂ©otien. Un autre calcul du tailleur, câest de se mettre dans la compagnie de son client, afin dâhabiller peu Ă peu les individus qui la composent ; le corps de garde ainsi devient pour lui une vĂ©ritable annonce. Le tailleur militaire nâen habille pas moins dâautre hĂ©ros de toute arme et de tout pays. La panoplie de sabres, dâĂ©pĂ©es, de gibernes, de casques, de shakos, de bonnets Ă poil, qui attire lâĆil dans son atelier, prĂ©vient en sa faveur le CĂ©sar provincial qui vient lui commander son uniforme. Le tailleur militaire porte dâordinaire les moustaches ou la royale ; il a chez lui plusieurs portraits de NapolĂ©on et de Murat, les barricades de 1830 mises en couleur, un buste du roi et plusieurs lithographies de Vernet. Il a autour de lui un escadron de coupeurs, aux figures tudesques et barbaresques, qui fredonnent du BĂ©ranger, ou Ă dĂ©faut du BĂ©ranger, la Colonne dâĂmile Debraux. Ces intrĂ©pides sabreurs dâhabits mĂ©prisent les pĂ©kins et vous observent dĂšs lâentrĂ©e avec un certain air de fiertĂ© romaine qui cĂšde bientĂŽt devant le regard du maĂźtre. Nâest-ce pas lui, en effet, qui contient de temps Ă autre par sa seule fermetĂ© leurs coalitions rĂ©publicaines ? Lorsquâils se rĂ©voltent et se prĂ©sentent devant lui comme les flots irritĂ©s devant Neptune, câest lui qui prononce le quos ego, et tout rentre dans le devoir. Le tailleur militaire, qui va parfois se rĂ©crĂ©er au spectacle, affectionne particuliĂšrement le Cirque-Olympique. LĂ , en effet, il retrouve une vaste OdyssĂ©e de dĂ©sastres et de costumes ; il suit le cheval de NapolĂ©on dans la mĂȘlĂ©e ; il admire le jeu et les uniformes des acteurs. En se retirant, il a lâĆil humide et chante Ă voix basse, en rasant la boutique du marchand de galette Quâils Ă©taient beaux jadis dans la bataille, Ces habits bleus par la victoire usĂ©s ! Beaucoup de tailleurs militaires trop peut-ĂȘtre ! ont pour enseigne Au Roi FrĂ©dĂ©ric. La prise de tabac que ce Salomon du Nord dĂ©verse sur son uniforme bleu Ă revers rouges nâa pourtant rien de guerrier. Nous approuvons davantage lâidĂ©e dâun tailleur de Versailles, qui sâest fait peindre une redingote grise avec une Ă©pĂ©e en guise de tĂȘte ; il y a au bas A lâinvincible redingote. A son air, Ă sa dĂ©marche, ou Ă son habit, nous vous dĂ©fions bien de reconnaĂźtre le tailleur civil ; il ressemble Ă tout le monde, et nâa vraiment de signe ou dâindice particulier que le brisement assez sensible de ses jambes qui le font ressembler Ă un compas tordu sur lui. Rarement il cause debout, il lui faut lâappui dâune table ou dâun fauteuil. Il est civil, trĂšs-civil, excessivement civil, surtout quand vous faites chez lui de la dĂ©pense. Il vous parle de M. le comte un tel qui a pris telle Ă©toffe, du duc de qui sort de chez lui, du temps quâil fait, et des gilets quâil vous faut porter. Ce jour-ci il vous reçoit en pantalon de molleton blanc, avec une veste idem ; demain ce sera en habit noir et en souliers vernis, car il mĂšne sa fille aux Bouffes. La fille du tailleur est pour lâordinaire Ă©levĂ©e en pensionnaire de madame Campan elle a un piano de Pleyel, un maĂźtre Ă chanter du grand OpĂ©ra, ou du théùtre Italien, Ă 20 francs le cachet, un chien Ă©pagneul de la race de King Charles, et des fleurs dans toutes ses jardiniĂšres. Elle lit tous les romans, ceux de madame Sand en tĂȘte ; elle en fait des extraits sur un album de Susse. Pervenche solitaire, cachĂ©e Ă tous les regards de la clientĂšle, elle sâĂ©panouit tristement au fond de sa chambre, maudissant lâhumilitĂ© de sa naissance, et levant de ses doigts lĂ©gers la persienne de sa chambre chaque fois que le cabriolet dâun lion, ou dâun homme titrĂ©, sâarrĂȘte devant la porte. Bien quâelle ait vu Cathos et Madelon dans les PrĂ©cieuses ridicules, elle tourmente chaque jour son digne pĂšre, pour quâau lieu de tailleur il mette sur son enseigne le mot Taylor. Sa mĂšre, digne femme, qui ne ressemble pas mal Ă un melon sur une borne, tant lâobĂ©sitĂ© de sa taille et celle de ses joues luttent ensemble, Ă©lĂšve parfois sa voix glapissante du fond de lâatelier oĂč elle se promĂšne, pour lui crier Amanda, ou AthĂ©naĂŻs. Cette masse de chair, qui se meut difficilement, garde autour dâelle trois chats, une vieille femme de chambre et un coupeur Ă©mĂ©rite, devenu son domestique Ă la suite dâune banqueroute. Ce garçon lui lit les premiers-Paris des journaux, le cours de la rente et le feuilleton des théùtres voilĂ plus quâil nâen faut pour lâendormir chaque soir. Cependant il vous faut prĂ©ciser ce nouveau terme de coupeur, qui vient dâintervenir dans notre rĂ©cit. Le coupeur est au tailleur ce quâest le cheval anglais au tilbury ; il sâattelle Ă sa fortune et lui voue ses jambes. Les coupeurs habiles nous viennent ordinairement de Londres, souvent ils ne valent pas nos coupeurs français ; mais ils ont pour eux ce quâont les Bouffes, le bonheur de nâĂȘtre point Parisiens. A peine dĂ©ballĂ© en France par le paquebot, le coupeur anglais tranche sans façon dans tous les draps, il leur donne le chique, il leur imprime sa coupe. De lĂ ce nom de coupeur, et de lĂ aussi lâextravagant empire que prend bientĂŽt ce personnage chez le tailleur. Il lui impose ses goĂ»ts, ses fantaisies, ses prix ; le tailleur est son esclave. Il ose donner quelquefois le bras Ă sa femme, il chante des ballades avec sa fille, il coupe la parole Ă ses garçons câest le cardinal Richelieu devenu roi. Il augmente les clients, il imagine des multiplications insensĂ©es, il a vraiment lâart de grouper les chiffres. Cependant le bruit sâest rĂ©pandu que le tailleur un tel avait un prodigieux coupeur, sa fortune est faite, il est Ă la mode, il songe Ă sâacheter une campagne. Un soir, son coupeur chĂ©ri, son dieu, sa providence, arrive lâair serein chez lui, et lui apprend quâil va monter une maison Ă son propre compte cela nâest quâune ruse pour sonder le tailleur, dont le coupeur veut devenir le gendre. La demande tombe dâautant plus mal, que la fille du tailleur va Ă©pouser incessamment un pair de France. Le patron atterrĂ© balbutie des excuses, le coupeur sort furieux. Appelant Ă lâaide de sa rage les imprimĂ©s Bidaut, il inonde Paris de circulaires superbes ; ces lettres apprennent aux pratiques du tailleur que son coupeur lâa quittĂ©. Câest lĂ un rude coup portĂ© Ă lâindustriel le fameux *** ferme son magasin et marie sa fille Ă un artiste. Dans les Ă©tablissements de tailleurs un peu haut placĂ©s, il va sans dire que le tailleur ne vient jamais chez vous Ă moins que ce ne soit pour toucher sa note ; dâhabitude il vous envoie lâun de ses garçons avec des Ă©toffes Ă choisir. Le babil de ce garçon vous Ă©tourdit ; les gilets quâil fait dĂ©filer sous vos yeux ont tous les couleurs de lâarc-en-ciel, vous finissez par en prendre un dont un ami sensĂ© vous dĂ©goĂ»te le soir mĂȘme. Une des variĂ©tĂ©s les plus curieuses de ce commerce nomade, câest ce que les tailleurs appellent le pantalon de demi-saison. Ce pantalon peut aller, disent-ils, dâavril en octobre ; or, en avril il est trop froid, en Ă©tĂ© trop chaud, en octobre on porte du drap. Il fait le pendant du gilet du matin, autre glu Ă laquelle se laissent prendre les victimes de la loquacitĂ© du tailleur. Un dandy de Paris qui ne se lĂšve quâĂ trois heures, comptait hier devant nous vingt-cinq gilets du matin dans son armoire ; ils Ă©taient tous pareils, Ă peu de chose prĂšs, Ă ceux du soir. A Paris, oĂč tout se rencontre, il y a des tailleurs honnĂȘtes qui prĂ©tendent vendre Ă moitiĂ© prix ce que leurs confrĂšres vendent le double. Ainsi en est-il des tailleurs du Palais-Royal et des divers passages de Paris. Mais ne faut-il pas que ces honorables industriels payent leurs loyers, et ces loyers ne sont-ils pas plus chers que partout ailleurs ? Les tailleurs des passages ont presque tous Ă leur porte un mannequin habillĂ©, Ă lâinstar des tailleurs de Londres ; ils ont de plus quâeux des robes de chambre Ă©bourriffantes, dont la plus grande partie est en soie de Lyon, et quâils vendent Ă trĂšs-haut prix ; et des gilets dâor et dâargent qui plaisent aux beaux de Carpentras. Câest au Palais-Royal que rayonne aussi sous la vitre du bijoutier le complĂ©ment indispensable des habits militaires ou diplomatiques, les croix, les ordres Ă©trangers, les rubans de francs-maçons. Un secrĂ©taire de lĂ©gation qui ne brillait pas par le choix et lâĂ©lĂ©gance de ses vĂȘtements chose assez rare, il faut le reconnaĂźtre dans le corps diplomatique, reçut derniĂšrement la croix dâhonneur sans lâavoir sollicitĂ©e. Câest pour habiller ce pauvre BâŠ, » dit son ministre. Un de nos littĂ©rateurs les plus distinguĂ©s avait trouvĂ© bon de nourrir chez lui par humanitĂ© un jeune homme qui lui servait de copiste. Ce jeune homme pouvait ne pas manquer de littĂ©rature, mais certainement il manquait de linge. Il en rĂ©sulta que peu Ă peu certaines cravates du littĂ©rateur disparurent, aprĂšs les cravates vinrent les gilets, aprĂšs les gilets, les pantalons. Les Ă©clipses progressives effrayĂšrent le littĂ©rateur, il se rĂ©solut Ă mettre Ă la porte le copiste. Le copiste lui adressa un cartel, lâarme proposĂ©e par lui Ă©tait le pistolet. Lâhomme de lettres, aprĂšs avoir fait de nouveau lâinspection de sa garde-robe, rĂ©pondit au copiste Monsieur, Je me vois dans la cruelle nĂ©cessitĂ© de refuser la partie que vous voulez bien me proposer. Vous possĂ©dez plusieurs objets de toilette qui mâappartiennent ; vous conviendrez que je ne puis aller sur le terrain pour tirer contre moi-mĂȘme et dĂ©tĂ©riorer ma garde-robe. Autant vaudrait me suicider. Jâai lâhonneur, etc. » Le tailleur de campagne habille M. le maire, le maire-adjoint, qui est charron ou serrurier de son Ă©tat, les gardes-champĂȘtres et les gardes nationaux. Il sâintitule ordinairement un tel, tailleur Ă la mode de Paris. On le reconnait Ă sa petite veste de chasse Ă boutons de corne, son amour pour la grande armĂ©e, et son zĂšle en faveur de la garde communale. Il reluque les gros propriĂ©taires de lâendroit, et travaille gratis pour leurs valets de chambre ou leurs cochers, afin dâavoir la pratique du maĂźtre. La soutane du curĂ© lui revient encore de droit, ainsi que les coutures dont peut sâhonorer la chasuble antique des chantres. Câest chez cet homme que babillent le soir les commĂšres, entre un geai et un porteballe qui apporte Ă point nommĂ© au tailleur les Ă©chantillons de la ville. Les livrĂ©es de chĂąteau et de paroisse lui passent toutes par les mains. Il habille les paysans pour la fĂȘte du canton, et les affuble de costumes aussi Ă©tranges que les habits noisettes dâOdry ou dâAlcide Tousez. Son enseigne conserve la puretĂ© primitive ; elle offre dâordinaire lâimage pieuse de saint Martin qui partage son manteau avec un pauvre, ou celle des Ciseaux volants, qui prĂȘte quelque peu Ă lâĂ©pigramme. Poursuivi par les envieux commĂ©rages du perruquier ou du bottier, ses ennemis naturels, le tailleur de campagne achĂšve en paix sa carriĂšre ; il meurt le pardon sur les lĂšvres, en recommandant Ă son fils de lâenterrer convenablement ; en mourant il murmure encore un couplet sur les ciseaux de la Parque. Il existe Ă Paris des fashionables habillĂ©s sans bourse dĂ©lier par leur tailleur, des gens nĂ©cessaires Ă son existence, Ă sa fortune ce sont certains jeunes-premiers de nos théùtres, sur lesquels le tailleur essaye Ă lâavance ses plus merveilleuses innovations. Sâagit-il dâun habit hasardĂ©, dâun gilet dangereux, ou dâun pantalon contestable, le tailleur affuble un acteur Ă©lĂ©gant de ces modes excentriques, il devient son mannequin, son ballon dâessai. MM. tels et tels sont habillĂ©s de la sorte, sans que ces princes de théùtre payent une redevance Ă leur tailleur ; de son cĂŽtĂ© le tailleur va au spectacle avec les billets de ces messieurs, et, moyennant des habits modĂšles, il a lâavantage de sâĂ©taler au balcon ou aux avant-scĂšnes. Il voit son habit gesticuler, crier, tuer et chanter ; il peut se croire Ă bon droit le collaborateur du vaudevilliste ou du dramaturge. Cette partie indispensable de lâart dramatique, le costume, nous amĂšne tout naturellement au tailleur de théùtre câest lui qui donne aux reines leurs robes de caractĂšre et les travestissements aux jeunes-premiĂšres ; son ciseau gouverne tout. Le tailleur de théùtre dit de tel acteur Câest un bon, câest un homme Ă garde-robe ; » cela signifie il est solvable. Câest auquel dâentre eux habillera mademoiselle Georges, Ă cause de lâampleur de ses formes et de lâaunage mademoiselle Georges ferait en effet Ă elle seule la fortune dâun magasin. Les tribulations dâun tailleur de théùtre, la veille dâune premiĂšre reprĂ©sentation, ne sauraient se rendre ces malheureux ressemblent aux martyrs des premiers siĂšcles. Le directeur, lâauteur, lâacteur, le figurant et le musicien, sont sur son dos. Le magasin des costumes, dont il est le chef, Ă©prouve un bouleversement complet 3 les rĂ©criminations pleuvent sur lui. Lâactrice ne trouve pas assez de lĂ©s Ă sa robe ; elle en demande huit, le nombre favori de mademoiselle Mars. Il lui faut le coup dâĆil de NapolĂ©on pour suffire Ă tout ; il y a des instants oĂč il est tentĂ© dâabdiquer. Quand on monte une piĂšce de théùtre, des dessinateurs, du talent de Gavarni ou de Monnier, harcelĂ©s par les auteurs ou les directeurs leurs amis, se chargent complaisamment du tracĂ© des costumes. Il arrive rarement que leurs indications soient suivies, mais celles de lâauteur le sont encore moins. Un tragĂ©dien cĂ©lĂšbre, connu sous la restauration comme sous lâempire pour sa diction quelque peu gasconne et matamore, fait monter le tailleur du théùtre dans sa loge le soir dâune premiĂšre reprĂ©sentation, et lui demande son costume du premier acte. Il est bien simple, monsieur, rĂ©pond celui-ci ; un manteau dâĂ©toffe brune et un chapeau anglais Ă larges bords, vous faites un prince dĂ©guisĂ© 4. â Comment ! pas de croix, pas de boutons Ă rubis, pas de broderies ? â VoilĂ le dessin, voyez vous-mĂȘme. » Le tragĂ©dien furieux rentre dans sa loge ; il en sort aprĂšs un grand quart dâheure de toilette, plaquĂ© de cordons, de bagues, dâoripeaux ; il ressemblait par lâĂ©clat au lustre de la salle. Le rideau va se lever, quand lâauteur de la tragĂ©die nouvelle lâaperçoit dans la coulisse. Vous nâavez donc pas compris ? dit le malheureux au tragĂ©dien ; vous faites Ă ce premier acte un prince dĂ©guisĂ©. - DĂ©guisĂ©, ou non, je vais entrer. - Vous nâen ferez rien, vous donneriez le coup de mort Ă ma piĂšce. Montez dans votre loge, vous avez encore le temps. » Les trois coups frappaient les planches, le tragĂ©dien entra en scĂšne. Vous nây entendez rien, mon cer, dit-il Ă lâauteur qui tremblait de tous ses membres, il vot mieux faire envie que pitiĂ© ! » La piĂšce fut sifflĂ©e dĂšs la troisiĂšme scĂšne, le parterre sâĂ©tait changĂ© en une hydre Ă mille clefs. Câest au carnaval et dans lâenceinte flamboyante de Musard, que les habits du tailleur costumier sâĂ©panouissent et retrouvent leur jeunesse. TirĂ©s de leur case par Moreau, Huzel ou Babin, ils leur reviennent poudreux et trouĂ©s comme aprĂšs la bataille, trop heureux quand leur collet, brutalement happĂ© par la main dâun sergent de ville, nâa pas cĂ©dĂ© ! Il faut voir avec quelle minutieuse anxiĂ©tĂ© le tailleur observe leurs moindres Ă©gratignures ! Etendus sur sa longue table comme autant de blessĂ©s, empreints encore de lâodeur nausĂ©abonde du bal public, ils se souviennent peut-ĂȘtre ces pauvres habits si tant est quâils aient une Ăąme ! des charmants et joyeux seigneurs qui sâagitaient jadis si complaisamment dans leur velours, courant du ColysĂ©e au jeu de la Reine, et du jeu de la Reine aux soupers de madame dâOlonne. Leurs paillettes dĂ©tachĂ©es jonchent le sol, ils versent au pied du tailleur des larmes de perles. Ces pauvres habits de marquis passeront demain peut-ĂȘtre dans la valise dâun premier amoureux, dâun chicardiste, ou dâun saltimbanque ; ces robes de duchesses serviront aux filles acrobates qui avalent des Ă©pĂ©es ! Ainsi va le monde, et le plus beau livre du monde se cache peut-ĂȘtre chez le tailleur costumier, oĂč dorment tant de souvenirs perdus et tant de gloires Ă©teintes. Et maintenant que nous vous avons parlĂ© du tailleur costumier, le roi de tous les tailleurs selon nous, aurons-nous le courage de reporter nos yeux sur trois types plus modestes, mais que lâon ne nous pardonnerait pas dâavoir oubliĂ©s dans notre sĂ©rie ? Nous voulons parler du tailleur ambulant, du tailleur dâĂ©tudiant et du tailleur-portier. Si le tailleur dâun homme Ă la mode fait souvent crĂ©dit Ă son client, sâil accepte humblement les conditions de ce Don Juan nouveau comme un autre M. Dimanche, que sera-ce, bon Dieu, du tailleur ambulant, qui colporte avec lui sa marchandise ? Il vous cĂšde un habit pour un vieux manteau ou pour des bottes trouĂ©es. Lâelbeuf et le bouracan deviennent pour lui un prĂ©texte dâĂ©changes lucratifs ; il voiture sur son dos son fil, ses ciseaux et ses aiguilles. Ătablissant son Ă©choppe au coin du village, il raccommode les habits de la commune ; met des morceaux au sacristain et aux enfants de chĆur Ă bon compte ; Ă©vite avec soin la gendarmerie qui lui demanderait sa patente, et retourne gaiement chez lui en montant sur le marchepied des diligences. Moins heureux peut-ĂȘtre que tous ses confrĂšres, le tailleur dâĂ©tudiant passe toute sa vie Ă espĂ©rer ; or, en Normandie on sait que ce mot espĂ©rer veut dire attendre. RenvoyĂ© presque toujours Ă des payements lointains et peu sĂ»rs, le digne homme en prend son parti ; seulement vous le voyez lâĆil aux aguets comme un chat toutes les fois quâil sâagit dâun Ă©vĂ©nement pour sa pratique. A la veille des examens de droit ou de mĂ©decine, il va trouver son jeune homme et lui demande sâil est ferrĂ©. Comme du succĂšs ou de lâinsuccĂšs dâun examen dĂ©pend lâenvoi des fonds paternels, le tailleur Ă©prouve durant ces trois heures mortelles de la thĂšse toutes les angoisses de lâĂ©tudiant lui-mĂȘme. Alors la boule noire lui apparaĂźt comme un horrible vĂ©to lancĂ© contre son propre mĂ©moire ; sâil habille lâun des examinateurs, il cherche Ă lâinfluencer. M. Auguste ou M. Ernest est un charmant jeune homme, dit-il au sĂ©vĂšre professeur, il se brĂ»le le sang sur les cinq codes. M. Athanase Polycarpe se dessĂšche et se racornit sur ses livres de mĂ©decine ; depuis un an il a maigri de cinq pouces dâentournure pour ses habits. » Ainsi argumente le pauvre tailleur qui ne voit que trop lâĂ©pĂ©e de DamoclĂšs suspendue sur lâĂ©tudiant lutin familier des bals de Sceaux ou de la ChaumiĂšre. Mais aussi quand il a passĂ© sa thĂšse avec des boules blanches, quelle douce satisfaction pour le tailleur, quel Ă©clair de joie rĂ©pandu sur lui ! Il Ă©labore scrupuleusement le soir le mĂ©moire quâil lui prĂ©sentera le lendemain, il pĂšse dans la balance de sa justice le prix dâun bouton, dâune reprise. Pendant ce temps lâĂ©tudiant dĂźne aux Vendanges, et on lui rĂ©pĂšte le LaureĂą donandus Apollinari dâHorace. Quand lâinfortunĂ© tailleur se prĂ©sente le lendemain, son crĂ©ancier est parti pour sa province, oĂč il va lui-mĂȘme chercher Ă dĂ©sarmer le courroux dâun oncle ou dâun pĂšre qui sâattendrira devant ses lauriers. Finissons par toi, mĂ©morable hĂ©ros dâune persĂ©cution aussi acharnĂ©e que celle des calvinistes, par toi que lâun de nos prĂ©fets alors il nâĂ©tait que vaudevilliste ! tourmenta si longtemps pour des cheveux que tu nâavais plus ! par toi qui cumules Ă la fois les fonctions de tailleur et de portier, comme si ce nâĂ©tait point assez dâun martyre ! ĂveillĂ© le matin par le balayage impĂ©rieux de la cour, tu quittes le balai pour le ciseau, et frĂ©mis en trouvant sur ton unique table des gilets et des habits morcelĂ©s en vingt endroits. A peine viens-tu de te courber, le fil entre les dents, lâaiguille Ă la main, sur ce quotidien travail, quâon frappe Ă la porte, et que le facteur te demande trois sous pour une lettre. Ta loge Ă©troite et dans laquelle il tombe un jour si douteux ne contient que toi, ta femme et ton chat ; or ta femme babille sans travailler, ton chat griffe tes habits, et les dĂ©cout. CoiffĂ© dâun bonnet de coton, aussi pyramidal que lâobĂ©lisque, tu lis alors le journal de tes locataires, et u as la douleur dây voir figurer dâinsolentes annonces de tailleurs, toutes plus superbes et plus triomphantes les unes que les autres. Toi cependant nâes-tu pas aussi un artiste, nâhabilles-tu pas dâaprĂšs un patron plus dâune cĂ©lĂ©britĂ© ? Le fait est rĂ©el, il y a des lions qui ont trouvĂ© plus commode de se faire habiller par leur portier voilĂ un tailleur qui ne court pas, qui est Ă vous, et que vous avez sous la main ! DrapĂ© dans sa gloire comme beaucoup dâautres, il pourrait mettre sur sa porte Parlez au tailleur ! il laisse lâhumble annonce Parlez au concierge ! Son unique vengeance est de faire attendre Ă la porte, passĂ© minuit, les locataires assez dĂ©daigneux pour oublier son gĂ©nie et ses ciseaux ; la pluie tombe Ă flots, elle gĂątera du moins leur elbeuf. Il ne demande plus quâune chose au ciel câest quâil lui vienne un gĂ©nĂ©ral ou un dĂ©putĂ© pour son client ; de la sorte son habit pourra se pavaner Ă la cour. Quand il lui arrive un congĂ©, et que comme BĂ©lisaire il lui faut errer de porte en porte, il reçoit stoĂŻquement son renvoi, car il est citoyen du monde, et changer de loge, câest pour lui changer de pratiques. Sur ses vieux jours, il achĂšte un pouce de jardin et se fait tailleur Ă la banlieue ; son mobilier se compose dâune table, dâun poĂȘlon et dâune pipe. Il a renoncĂ© Ă tirer le cordon, mais en revanche câest souvent un de ses confrĂšres ruinĂ©s qui le lui DE BEAUVOIR. NOTES 1 M. JOURDAIN. Ah ! vous voilĂ . Je mâallais mettre en colĂšre contre vous. LE MAĂTRE TAILLEUR. Je nâai pu venir plus tĂŽt, et jâai mis vingt garçons aprĂšs votre habit. M. JOURDAIN. Vous mâavez envoyĂ© des bas de soie si Ă©troits, que jâai eu toutes les peine du monde Ă les mettre ; et il y a dĂ©jĂ deux mailles de rompues. Vous mâavez aussi fait faire des souliers qui me blessent furieusement⊠La perruque et les plumes sont-elles comme il faut ? LE MAĂTRE TAILLEUR. Tout est bien. Le Bourgeois gentilhomme, acte II, scĂšne 8. 2 Il y en avait six couchĂ©s sur lâĂ©tat de la Maison du Roi, aux gages de 120 livres chacun. Mais le premier dâeux tous travaillait seul pour les habits de S. M. Il Ă©tait qualifiĂ© valet de chambre du Roi, et devait, pendant quâon habillait S. M. se trouver Ă son lever. Quand le Roi prenait un habit neuf, pour cette premiĂšre fois, le tailleur prĂ©sentait les chausses de Sa MajestĂ©. Outre ses gages ordinaires de 120 livres, il avait 150 livres de rĂ©compense par quartier, payĂ©es au trĂ©sor royal, et encore 600 livres Ă la fin de lâannĂ©e payĂ©es par le trĂ©sorier de lâargenterie, et bouche Ă la cour toute lâannĂ©e. 3 A propos de magasin, le directeur dâun théùtre fermĂ© Ă cette heure, homme ingĂ©nieux, connu par ses reparties qui font face Ă tout, disait Ă lâun de ses acteurs, le jour dâune premiĂšre reprĂ©sentation Comme vous voilĂ accoutrĂ©, mon cher M*** ! on ne vous a donc pas ouvert le magasin ? » Or, il nây avait dĂ©jĂ plus de magasin Ă son théùtre, les huissiers lâavaient saisi ; il ne lui restait que le Magasin théùtral, qui se vend 3 sous Ă la porte. 4 Historique. ________________ Comme corollaire Ă notre article, nous croyons devoir donner ici dans son entier la lettre de M. Magloire, notre concierge. ĂlĂšve de Catel, et ne travaillant plus Ă cette heure que pour deux ou trois dĂ©putĂ©s, M. Magloire sâillusionne peut-ĂȘtre sur la dĂ©cadence de lâart nous laissons le lecteur Ă mĂȘme de juger dans la polĂ©mique quâil nous livre. Vous ignorez peut-ĂȘtre, monsieur, quâil y a quelques jours, M. FrĂ©dĂ©ric 1 mâa descendu une redingote pour y repriser un accroc ? Eh bien, monsieur, vous aviez oubliĂ© des papiers dans la poche, et je dois vous avouer que ces papiers, je les ai lus ! câĂ©tait du papier imprimĂ©, sans cela je nâaurais pas pris une telle libertĂ© ; mais je me suis laissĂ© entraĂźner en pensant que je trouverais peut-ĂȘtre quelques-unes de vos Ćuvres. Quelle a Ă©tĂ© ma surprise de voir quâil sâagissait du tailleur !!! Vous vous moquez bien, sans doute, de ce que peut penser un vieux tailleur-portier, sur ce quâil plaĂźt dâĂ©crire Ă un monsieur tel que vous ; cependant je ne puis mâempĂȘcher de vous dire quâaprĂšs en avoir bien ri, ma femme et moi, une seconde lecture nous a fait remarquer quâil manquait quelques dĂ©tails techniques, surtout ceux qui ne peuvent ĂȘtre connus que par les gens qui sont nĂ©s et qui ont vĂ©cu dans le mĂ©tier. Quoique dans votre Ă©crit vous soyez un peu sĂ©vĂšre pour les tailleurs-portiers, je viens vous offrir ces dĂ©tails. Personne nâest Ă mĂȘme plus que moi de vous mettre au courant de ce qui sâest passĂ© et de ce qui se passe encore parmi les tailleurs. Jadis, monsieur, jâai Ă©tĂ© Ă©tabli. Jâavais mĂȘme quelque rĂ©putation. Si je nâai pu ĂȘtre propriĂ©taire, je suis du moins le reprĂ©sentant de cette classe estimable, et jâai sur elle le grand avantage de ne jamais faire partie du jury ni mĂȘme de la garde nationale. Ce qui me console encore, câest la pensĂ©e que parmi les propriĂ©taires on ne trouverait peut-ĂȘtre pas un bon portier ; car pour cela il faut connaĂźtre les hommes, et câest ce qui fait sans doute que tant de tailleurs sont choisis pour portiers. Si donc, vous ne dĂ©daignez pas les observations dâun vieux praticien, je vous en soumettrai quelques-unes qui pourront vous Ă©clairer sur la partie technique de notre mĂ©tier. Les tailleurs ne sont pas ce quâun vain peuple pense. » Depuis dix ans, monsieur, il nây a plus dâautres tailleurs, rĂ©ellement tailleurs militaires, que les tailleurs de rĂ©giments. Le maĂźtre tailleur, il est ainsi nommĂ©, a le grade de sergent dans lâarmĂ©e. Il est reconnaissable parmi les autres sous-officiers, en ce que son ventre sâarrondit lĂ©gĂšrement en bosse, avantage qui serait parfaitement inexplicable avec la paye dâun sergent ordinaire. Le maĂźtre tailleur habille tous les soldats du rĂ©giment sur trois tailles, les seules permises aux dĂ©fenseurs de la patrie. Quant aux officiers, il prend individuellement leurs mesures, et les enveloppe du mieux quâil peut. Ses coupeurs sont caporaux, ses ouvriers sont soldats, et leur habiletĂ© ne saurait ĂȘtre mise en doute. Pourraient-ils, en effet, ne pas manier les ciseaux et lâaiguille mieux encore que le fusil, lorsque le maĂźtre tailleur peut user, comme stimulant, de la salle de police et du cachot ? Son expĂ©rience personnelle lui a enseignĂ© lâeffet quâon en obtient, car lui-mĂȘme, tout maĂźtre tailleur quâil est, y couche quelquefois, par la volontĂ© supĂ©rieure du capitaine dâhabillement, son ennemi naturel ; je dis naturel, mais non irrĂ©conciliable. On cite en effet des occasions oĂč ces deux messieurs se sont rapprochĂ©s mutuellement et ont fini par sâentendre. Cet accord expliquerait peut-ĂȘtre comment certaines piĂšces de drap bleu de roi et garance ont paru dans le commerce Ă des prix extrĂȘmement modĂ©rĂ©s. En somme, le maĂźtre tailleur de rĂ©giment nâest pas trop malheureux ; sâil nâa pas de forts bĂ©nĂ©fices, ils sont assurĂ©s, et au bout de quinze Ă vingt annĂ©es dâexercice, il se retire dans son village et met le pot au feu deux ou trois fois par semaine. Si nous passons au tailleur civil, au tailleur par excellence, que de choses Ă vous dire ! nous parlerons du tailleur en rĂ©putation 2. Il y a toujours eu Ă Paris un artiste fortunĂ© qui a su plaire et chez lequel chacun court, sous peine de nâĂȘtre pas considĂ©rĂ© comme un homme Ă la mode. A cĂŽtĂ© de ce prince des tailleurs, on remarque cependant un rival qui peut atteindre sa cĂ©lĂ©britĂ© et qui trouble son sommeil. Ce rival, cauchemar perpĂ©tuel, il le lui faut combattre chaque jour et Ă chaque heure pour ne pas se laisser dĂ©passer par lui en inventions nouvelles. Jugez combien cette lutte devient animĂ©e, lorsquâelle a lieu entre deux, trois et quatre rivaux ! Ce nombre, dĂ©jĂ bien Ă©levĂ©, de tailleurs Ă la mode, nâa jamais Ă©tĂ© dĂ©passĂ©. Au-dessous de ces sommitĂ©s, on compte une vingtaine de bonnes maisons, de ce quâon appelle premier ordre puis une cinquantaine de second ordre le reste se subdivise Ă lâinfini et est vraiment innombrable. Je voudrais pouvoir citer des noms, monsieur, pour rappeler les faits de ces tailleurs cĂ©lĂšbres qui ont brillĂ© depuis quarante ans. Jâaurais Ă vous raconter plus dâune biographie. Je vous parlerais de Chevalier, le tailleur de lâEmpereur, qui apportait chaque matin Ă S. M. une nouvelle culotte et un nouveau gilet de casimir blanc ; je vous parlerais de LĂ©ger 3, de Thomassaint, dâAcerby, le fameux culottier, celui-lĂ mĂȘme devant lequel lâempereur de Russie, Alexandre, se vit contraint dâĂŽter ses culottes, parce quâil ne prenait ses mesures que sur le nu ! Je traverserais lâempire pour arriver Ă la restauration. Je parlerais de Staub, le grand Staub, nom cĂ©lĂšbre Ă jamais, Staub, qui le premier imagina de couper les revers de lâhabit de les rapporter ensuite, afin dâobtenir un contour plus gracieux, une cassure de collet plus facile. Cette audace fut couronnĂ©e du plus brillant succĂšs, et je crois pouvoir Ă©tablir une comparaison entre Staub et Christophe Colomb. En effet, du temps du cĂ©lĂšbre GĂ©nois, lâopinion gĂ©nĂ©rale, comme chacun le sait, nâĂ©tait-elle pas, monsieur, que rien nâexistait au delĂ des mers, et que toute la terre habitable Ă©tait connue ? Les dĂ©couvertes ultĂ©rieures ne diminuĂšrent rien de sa gloire, bien loin de lĂ , elles prouvĂšrent la sublimitĂ© de son gĂ©nie qui lui avait fait deviner un continent au delĂ de lâAtlantique. Il en est de mĂȘme de Staub. Jadis on croyait avoir tout fait en faisant un habit. Il vint, et osant couper les revers, câest-Ă -dire faire une couture lĂ oĂč il nây en avait pas, il ouvrit une route nouvelle aux Ă©tudes, et, nouveau Colombus 4, il mit sur la route des mille suçons que lâon fait maintenant aux habits. Je parlerais de KlĂ©ber ne pas confondre avec lâillustre gĂ©nĂ©ral, qui avait tant de talent et encore plus dâinconduite ; KlĂ©ber qui, grĂące Ă la protection et aux secours dâun lord plus connu par les folies quâon lui prĂȘte que par ses bienfaits quâon ignore, aurait pu arriver Ă la plus haute fortune et qui mourut dans la misĂšre. Je parlerais de bien dâautres encore ; mais si je nommais tous ces tailleurs cĂ©lĂšbres, tous ces maĂźtres qui ne sont plus, il me faudrait, arrivant aux tailleurs actuels, vous citer des noms connus aujourdâhui. Le ciel me prĂ©serve de le faire ! parler des tailleurs de cette Ă©poque-ci, monsieur ! Ă©poque dâanarchie sâil en fut jamais ! Ă©poque de vanitĂ© oĂč chacun se croit un gĂ©nie, et oĂč le plus petit et le plus inconnu des tailleurs pense avoir autant de talent que le premier ! Non, non, monsieur, jâaime mieux me taire je soulĂšverais trop de haines, et Dieu sait si mon obscuritĂ© me dĂ©fendrait ! On viendrait attaquer la vĂ©racitĂ© de mes rapports ; sous prĂ©texte que je suis portier, on dirait peut-ĂȘtre que je ne suis pas tailleur. Et quâimporte, aprĂšs tout, que tel soit le premier et tel autre le second ; ce qui importe, monsieur, câest le dĂ©tail de lâintĂ©rieur des maisons, car câest lĂ seulement que se trouve le curieux, je dirais presque lâinconnu de lâĂ©tat. Dans le mĂ©tier de tailleur, monsieur, nous avons dâabord lâouvrier Ă la journĂ©e. Celui-ci porte le nom de pompier. Vous qui ĂȘtes initiĂ© Ă nos vieux livres, savez-vous le pourquoi 5 ? Cet ouvrier est occupĂ© en gĂ©nĂ©ral Ă retoucher les effets dâhabillement qui, ayant Ă©tĂ© essayĂ©s, ne satisfont pas complĂ©tement le goĂ»t des pratiques. Ces retouches sâappellent poignards savez-vous encore le pourquoi 6 ? Ainsi la fonction ordinaire du pompier est de poignarder, ou de faire des poignards. Les pompiers rĂ©unis forment la pompe. Il y a la grande et la petite pompe la grande, pour les habits et redingotes grandes piĂšces ; la petite, pour les pantalons et gilets petites piĂšces. Les chefs sont chefs de grande et de petite pompe. Lâatelier est composĂ© en partie de pompiers et en partie dâouvriers Ă leurs piĂšces appelĂ©s appiĂ©ceurs. Le tout est sous la surveillance du chef dâatelier. Il y a une autre classe dâouvriers comme sous le mĂȘme nom dâappiĂ©ceurs. Ceux-ci travaillent chez eux, se font aider par leurs femmes et leurs enfants. Ils ont en outre un ou deux apprentis. Ces apprentis Ă©taient jadis appelĂ©s bĆufs, aujourdâhui ce sont des tartares. Ces ouvriers appiĂ©ceurs travaillant chez eux ont quelquefois un habit Ă faire Ă leur compte pour un ouvrier dâune autre partie. Celui-ci amĂšne un de ses amis qui, Ă son tour, en amĂšne dâautres. VoilĂ une petite clientĂšle, et lâappiĂ©ceur a franchi le premier Ă©chelon. Si le nombre de ses pratiques augmente assez pour quâil ait Ă sâoccuper, lui, sa femme, ses enfants et ses tartares, alors il envoie promener son grĂȘle le maĂźtre qui lâoccupait, paye une patente de 17 f. 50 c., et le voilĂ Ă son tour tailleur patentĂ©. De lĂ , monsieur, avec du talent et de lâactivitĂ©, il peut arriver au sommet. Il commence par chercher Ă se faire dâabord lâami de quelques valets de chambre, il les habille Ă crĂ©dit et leur promet une belle gratification, sâils parviennent Ă le faire travailler pour leurs maĂźtres. Ces valets de chambre, sĂ©duits par des maniĂšres si engageantes, lui promettent leur protection et dĂ©clarent nâavoir jamais vu un aussi habile tailleur 7. Si ces messieurs rĂ©ussissent, voilĂ notre appiĂ©ceur avec des pratiques dâun genre plus Ă©levĂ©. Il nâa plus le temps de coudre, il cesse donc de croiser les jambes pour leur laisser reprendre une position plus naturelle, et il se consacre tout entier Ă la coupe. Encore un peu dâaugmentation dans ses affaires, et sa femme, se livrant Ă la vente, fait lâarticle avec succĂšs. BientĂŽt, monsieur, il faut prendre un employĂ©, puis deux, puis trois. Mais sans nous arrĂȘter Ă une maison ordinaire, passons tout de suite Ă une maison de premier ordre, et voyons-en lâĂ©tat-major. Le chef se rĂ©serve en gĂ©nĂ©ral la coupe des habits, mais dĂšs quâil est un peu ancien dans les affaires, il se fait aider par un jeune sous-chef, qui doit lui succĂ©der un jour. Voici maintenant la liste des employĂ©s chefs de service. Coupeur de pantalons, coupeur de gilets, coupeur de livrĂ©e, apprĂȘteurs, coureurs, chef dâatelier, commis de magasin, teneur de livres. Parlons dâabord du coupeur de pantalons. Quâil soit nĂ© en Gascogne ou en Normandie, quâil soit Basque ou Picard, le coupeur de pantalons arrive toujours dâAngleterre, oĂč, par parenthĂšse, on les coupe fort mal, et oĂč le tailleur en rĂ©putation pour cette partie du costume est un Français. Sâil vous est donnĂ©, monsieur, de pĂ©nĂ©trer dans le sanctuaire oĂč il sâenferme, et Ă quelque heure du jour que vous vous prĂ©sentiez, vous trouverez infailliblement le coupeur de pantalons aux prises avec une botte. Il la tourne et retourne en tous sens⊠Une anxiĂ©tĂ© pĂ©nible est peinte sur son visage. Il est lĂ , ajustant sur cette botte fatale, au moyen dâun sous-pied fixe ou cousu, un bas de pantalon rebelle. Mais en vain il place le sous-pied en avant ou en arriĂšre, en vain le carreau, puissant auxiliaire, lui prĂȘte son secours pour tendre ou rentrer lâĂ©toffe, un pli, pli affreux, image dâune vis ou dâun tire-bouchon, reste lĂ , toujours lĂ , malgrĂ© ses efforts. Il y pense le jour, il y pense la nuit ; et si la fatigue le fait enfin cĂ©der au sommeil, un songe pĂ©nible le met de nouveau aux prises avec la fatale botte ! Mais cette fois, au lieu de cette chaussure si fine et si dĂ©licate que Braun sait faire, câest une botte immense, dĂ©mesurĂ©e, au talon aigu et Ă moitiĂ© tournĂ©. Elle sâavance sur lui la tige haute et les tirants dressĂ©s, et il lâentend sâĂ©crier Un pantalon sans plis ! Saisi dâhorreur, il veut se soustraire par la fuite Ă ce monstre hideux ; hĂ©las ! vaine tentative ! son ennemi, plus prompt que lâĂ©clair, sâĂ©lance, le renverse, et, se posant fiĂšrement sur sa poitrine, rĂ©pĂšte dâune voix qui rappelle le craquement dâune botte sur le parquet Un pantalon sans plis !... Tout autre, au rĂ©veil, prendrait ses ciseaux, et dâune main vengeresse lacĂ©rerait bottes et pantalons mais Dieu a donnĂ© au coupeur toute la patience du gĂ©nieâŠ.. Il reprend donc ses travaux sans la moindre hĂ©sitation. Aussi, digne rĂ©compense dâune si noble tĂ©nacitĂ©, parvient-il, aprĂšs huit jours dâefforts constants, Ă atteindre enfin ce chic tant recherchĂ© de nos Ă©lĂ©gants, câest-Ă -dire la forme si gracieuse et sans plis dâun tuyau de poĂȘle !... Le coupeur de gilets et le coupeur de livrĂ©e sont ordinairement dâanciens tailleurs qui, nâayant pas rĂ©ussi, aiment mieux, exempts de tous soucis, ĂȘtre coupeurs spĂ©ciaux dans une grande maison que de tenter de nouveau la fortune. . . . . . Le coupeur de livrĂ©e ne laisse pourtant pas dâavoir quelques ennuis. Son nom vous indique suffisamment, monsieur, Ă quelles personnes il a particuliĂšrement affaire ; mais nâallez pas en conclure pour cela que câest un homme dĂ©pourvu de talents et dont on fasse peu de cas. Bien loin de lĂ , je vous assure, car les gens de maison sont de leur nature fort exigeants, et dâautant plus difficiles Ă satisfaire que leurs dĂ©sirs sont presque toujours en raison inverse des ordres donnĂ©s par leurs maĂźtres. Il faut donc au coupeur de livrĂ©e assez dâhabiletĂ© et dâintelligence pour satisfaire Ă la fois ces deux pouvoirs opposĂ©s. En principe gĂ©nĂ©ral, pourtant, il obĂ©it dâabord, et avant tout, aux volontĂ©s des domestiques, puis aprĂšs, et autant que possible, aux ordres donnĂ©s par les maĂźtres. Il serait trop long de vous dire ici les motifs qui le font agir ainsi ; mais croyez-en ma vieille expĂ©rience personnelle, il faut Ă tout prix satisfaire ces messieurs. Si le cocher est mĂ©content, ne sait-il pas, par un mouvement adroit lorsquâil prend ses guides, faire remonter son habit de telle sorte que le dos soit plein de plis, ou que le collet se dĂ©tache de sa cravate ; et si le valet de pied croit avoir Ă se plaindre, ignorez-vous que ses habits ne dureront pas un instant, quand bien mĂȘme il devrait, pour le prouver Ă son maĂźtre, lui montrer, comme Ă©tant le dernier fait, lâhabit de lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente quâi a continuĂ© Ă porter incognito pour Ă©conomiser le nouveau. Il nâest pas jusquâau groom, mĂȘme Ă lâĂ©tat de tigre, qui ne sache Ă lâoccasion dĂ©chirer sa culotte au genou pour faire piĂšce au tailleur ! La fonction principale de lâapprĂȘteur est de mettre dans les bĂ»ches nom que lâon donne Ă un habit coupĂ©, mais non cousu les diffĂ©rents morceaux de toile, de tiretaine, de passements, de poches qui constituent ce quâon appelle les garnitures. Le commis de magasin tient les draps en ordre il est censĂ© le faire, et est chargĂ©, concurremment avec le teneur de livres, de prĂ©senter les notes et de recevoir lâargent. Pauvre diable ! il est souvent mal accueilli, car dans ce siĂšcle on ne paye guĂšre son tailleur, et il ne reçoit souvent que des injures. Câest Ă lui que lâon adresse des reproches nombreux sur la dĂ©testable qualitĂ© du drap et la mauvaise confection des habits, qui ne vont jamais bien quand il faut en payer le prix. Câest Ă lui quâon jette ces paroles qui, je le crains bien, vont passer en axiome Monsieur, un tailleur gagne tant, quâil est tout Ă fait inutile de le payer 8. Mais câest sur le coureur que jâappelle votre sympathie. Celui-lĂ , monsieur, est payĂ© le moins, mais il travaille le plus. Quelquâun qui avait Ă©tĂ© Ă mĂȘme dâapprĂ©cier ce quâil y a dâĂ©nergie et de patience, de courage et dâabnĂ©gation dans un coureur, sâĂ©tonnait que lâAcadĂ©mie nâeĂ»t jamais songĂ© Ă choisir lâun dâentre eux pour lui dĂ©cerner le prix Monthyon. Câest quâen effet, monsieur, le coureur, justifiant son nom, ne sâarrĂȘte jamais. Le voyez-vous dâici, la taille si cambrĂ©e, quâelle en est creuse, ses bras arrondis et les coudes saillants en dehors, et ses jambes fluettes supportĂ©es par de larges pieds ! chaque dĂ©tail du coureur nâest peut-ĂȘtre pas dans de justes proportions, mais quelle harmonie dans le tout !sa base est large, bien large, il est vrai, mais sans cette largeur qui vous offusque, comment pourrait-il se maintenir en Ă©quilibre avec cet Ă©norme paquet sous le bras ? Dans sa vie habituelle comme dans ses jours de fĂȘte, le coureur, monsieur, se distingue par une mise toujours en avant de la mode ; si nos Ă©lĂ©gants ont adoptĂ© la taille longue, la sienne descend jusquâĂ sa croupe ; si, au contraire, la taille courte est en faveur, soyez certain que la sienne est au milieu du dos. Mais les deux choses quâil affectionne et quâil garde quel que soit le goĂ»t du jour, ce sont les pantalons trĂšs-Ă©troits et les manches courtes. Si de ce pantalon presque collant sâĂ©chappe un pied dâune grandeur imposante, une main rouge et non moins grande sort de cette manche qui descend Ă peine au poignet. Si ses pieds dĂ©daignent assez volontiers lâusage sybarite des bas, ses mains dans la semaine dĂ©daignent entiĂšrement lâusage aristocratique des gants. Mais le dimanche, jour de repos, il met les gants jaunes oubliĂ©s dans lâhabit que vous aviez donnĂ© pour y recoudre un bouton, et ainsi parĂ©, il va danser dans une foule de bals de sociĂ©tĂ©, oĂč il est certain dâattendrir des giletiĂšres. Aussi que de sĂ©ductions il y porte alors avec lui ! que de tendres regards lui sont adressĂ©s ! que de doux aveux il obtient ! mais il ne peut attendre lâamour doit le couronner au plus vite, car demain, demain il reprendra son paquet, et, comme au Juif errant, le devoir lui criera Marche, marche jusquâĂ dimanche ! Tel est le coureur. Nâest-ce pas un admirable type de dĂ©vouement dans ce siĂšcle dâĂ©goĂŻsme ? car, malgrĂ© ses nombreuses qualitĂ©s, le coureur meurt comme il a vĂ©cu⊠coureur ! Nous avons passĂ© en revue tous les employĂ©s de la maison ; il ne me reste maintenant Ă vous parler que de lâĂąme qui fait mouvoir le corps entier⊠du maĂźtre... Avez-vous jamais rĂ©flĂ©chi, monsieur, Ă la fonction quâun tailleur exerce dans la sociĂ©tĂ© ? fonction tellement importante, quâil nây a personne plus indispensable que lui. On peut mourir sans mĂ©decin, monsieur, on ne peut vivre sans tailleur ; et Sedaine, lorsquâil remerciait son habit, avait bien compris toute lâinfluence de notre Ă©tat. En effet, tel se voit accusĂ© dâimpolitesse pour nâavoir pas rendu un salut, lorsquâil fallait accuser une emmanchure trop basse, ou un dessous de bras trop Ă©vidĂ©. Tel autre, sur le point de se voir possesseur dâune belle et riche hĂ©ritiĂšre, voit manquer son mariage parce quâil ne pouvait se baisser sans danger et ramasser le bouquet de sa belle, jetĂ© Ă terre Ă dessin par un rival. Que dâorateurs modernes ont manquĂ© dâĂ©loquence Ă la tribune, seulement parce que leur habit les gĂȘnait Ă lâentournure ! Que de rĂ©putations de gravitĂ© certains hommes dâĂ©tat nâont dĂ» quâĂ la hauteur de leur collet ! et si M. de Metternich a obtenu de si brillants succĂšs diplomatiques, croyez-moi, câest par lâimportance quâil a toujours attachĂ©e Ă la coupe gracieuse de ses habits 9âŠ..... Ainsi, monsieur, le tailleur, toujours le tailleur, partout le tailleur, avant tout. Si jâarrive maintenant aux notions quâil doit possĂ©der, nous verrons quâil faut quâil se connaisse en draperie, en soierie, en toile, en tricot, en broderie ; car il emploie drap, soierie, toile, tricot et broderie ; quâil soit bon administrateur, quâil sache apprĂ©cier le travail des ouvriers, coudre, se servir de la patte mouillĂ©e 10, du passe-carreau 11, du six-francs, et donner le coup de fer au besoin. Il faut quâil se connaisse en finances et en opĂ©rations de banque, car il lui faut toujours de lâargent pour payer exactement, et je vous ai dit quâil en reçoit peu de ses pratiques. Il faut quâil sache par quel mobile il peut sĂ©duire tel client 12, comment enlever celui-ci Ă un rival, retenir celui-lĂ , faire une concession et quelquefois aussi une impertinence Ă propos. Enfin, en dĂ©pit de toutes ces difficultĂ©s, il doit avoir lâesprit assez libre pour donner lâessor Ă son gĂ©nie inventif, afin dâavoir chaque saison un vĂȘtement nouveau et parfaitement inutile Ă livrer Ă lâadmiration de la foule 13. VoilĂ le tailleur, monsieur. Un homme sâest rencontrĂ© rĂ©unissant toutes ces qualitĂ©s, et vous jugerez de son intelligence supĂ©rieure et de sa connaissance profonde du cĆur humain sur ce seul fait, que ses employĂ©s avaient ordre de donner le titre de comte Ă tous ses clients. Aussi quelle vogue !!! Comparez Ă cet homme les nouveaux tailleurs, ils nâont plus que de lâindiffĂ©rence, presque du dĂ©goĂ»t pour leur noble profession ! Lui, fier de son Ă©tat, sâen paraĂźt comme de son plus beau titre de gloire, et ne craignait pas de courir les rues avec un paquet sous le bras quand il le fallait. Aujourdâhui, comme vous le dites, ces messieurs ont voitures et chevaux anglais ; un domestique porte Ă lâavance lâhabit quâils viennent essayer en gants jaunes et en bottes vernies ; ils ont les Ă©pingles les plus belles, les cannes les plus riches ; ils se mĂȘlent dâadmirer les statues, les tableaux, parlent dâarts et font des habits qui vont en dĂ©pit du sens commun !!! Cela me fait pitiĂ© ! et jâaime mieux lâobscuritĂ© de ma loge ! Adieu, monsieur !... Votre concierge, AndrĂ© MAGLOIRE, ĂlĂšve de Catel. »NOTES 1 Valet de chambre de lâauteur. 2 Le lecteur excusera cette forme de nous, forme doctorale, magistrale et qui dĂ©coule dâune science non Ă©quivoque. M. Magloire professe quelquefois avec avantage devant les coureurs, quâil ne manque pas dâattirer chez lui en leur offrant lâAudience douze romans inĂ©dits pour rien. 3 Les diffĂ©rents fournisseurs de lâEmpereur pour sa personne spĂ©cialement devaient se trouver chaque matin sur son passage, afin que sâil avait quelques observations Ă leur faire, il pĂ»t les leur adresser immĂ©diatement. Lorsque S. M. Ă©tait Ă Saint-Cloud, ces messieurs devaient sây rendre et se trouver Ă©galement lĂ comme ils le faisaient Ă Paris. LâEmpereur Ă©tant une fois mĂ©content de Chevalier, envoya chercher LĂ©ger, et lui dit Prenez-moi une mesure complĂšte et une fois pour toutes ; je nâai pas souvent de temps Ă perdre. » LĂ©ger, se trouvant le tailleur en titre, dut se conformer aux usages du palais et sây rendre chaque matin. Il remplit ce devoir trois mois durant, mais cette sujĂ©tion finit par lâennuyer, et comme il Ă©tait dĂ©jĂ riche, et surtout Ă cette Ă©poque fort occupĂ©, il nây alla plus que deux ou trois fois par semaine. Un jour lâEmpereur ne le trouvant pas, câen fut assez pour motiver le rappel de Chevalier. N. B. Nous demandons pardon Ă M. Marco Saint-Hilaire de cette excursion du tailleur sur ses domaines. 4 Notre portier habille un professeur du collĂšge Saint-Louis. 5 Nous avouons franchement notre ignorance et renvoyons la question ardue de M. Magloire Ă messieurs de lâAcadĂ©mie des Inscriptions. Serait-ce parce quâun jour dâincendie les ouvriers tailleurs Ă la journĂ©e se distinguĂšrent plus que les pompiers eux-mĂȘmes ? Nous rĂ©pugnons Ă croire que le sobriquet de pompier donnĂ© au divin AnacrĂ©on soit applicable aux ouvriers tailleurs Ă la journĂ©e. 6 Serait-ce parce que chaque retouche enlevant une partie du bĂ©nĂ©fice du maĂźtre, câest comme un coup de poignard portĂ© Ă sa caisse ? 7 M. Magloire dit vrai. La tyrannie des domestiques sur le tailleur est souvent portĂ©e Ă lâexcĂšs. On ne croirait jamais quelle influence ils exercent. Les personnes mĂȘme qui la subissent le plus ne sâen doutent pas. Si le tailleur nâest pas en bons termes avec le valet de chambre, il est perdu. Nous citerons un fait presque incroyable. Le valet de chambre dâun de nos dandys annonça un jour au tailleur de son maĂźtre quâil voulait avoir 5 0/0 sur ses fournitures. IrritĂ© du refus de celui-ci dâacquiescer Ă cet arrangement, il prit du vitriol, en frotta toutes les coutures et le tour des boutons de chaque habit. Il se fiait sans doute Ă cette belle vengeance, car tout se dĂ©chirait comme Ă plaisir. Malheureusement pour lui, son maĂźtre, quoique grand seigneur, avait eu une premiĂšre jeunesse assez Ă©chevelĂ©e pour se connaĂźtre en roueries de cette nature, et, apprĂ©ciant ce changement subit, il fit venir son valet de chambre. VoilĂ quelque temps lui dit-il, que mes habits se dĂ©chirent et que mes boutons sâen vont ; si cela continue, je vous chasse. Depuis ce temps le valet de chambre saluait le tailleur profondĂ©ment dans la rue. 8 Ce nâest pourtant pas Ă un commis, mais au chef de la maison lui-mĂȘme quâun Ă©crivain cĂ©lĂšbre du noble faubourg, homme trĂšs-illustre et trĂšs-supĂ©rieur, si ce nâest dans lâart de gĂ©rer ses propres affaires, tĂ©moigna son Ă©tonnement de ce quâau moment de partir pour une ambassade, il lui apportait son mĂ©moire montant Ă plus de 20,000 fr. et de ce quâon lui en rĂ©clamait le paiement. Il nâavait, reprit-il, jamais entendu dire quâon payĂąt un tailleur autrement que par testament. 9 Ici M. Magloire devient politique. Nous avons dĂ» retrancher deux ou trois phrases qui auraient peut-ĂȘtre, par leur cruditĂ©, compromis nos rapports diplomatiques avec lâOrient. 10 La patte mouillĂ©e est un morceau de toile ou de soie trempĂ© dans lâeau et qui sert Ă empĂȘcher le lustre de se former quand on presse un habit. 11 Le public avait peut-ĂȘtre ignorĂ© jusquâĂ prĂ©sent pourquoi chez Franconi un tailleur sâappelait Pas-carreau. Nous sommes forcĂ©s de rĂ©tablir la vĂ©ritable orthographe de lâaffiche Passe-carreau. Le passe-carreau est un morceau de bois sur lequel on unit les habits ; il a presque dĂ©trĂŽnĂ© le six-francs. 12 Quelques tailleurs emploient lâexpression de raser. 13 Nous trouvons cette note dans une correspondance inĂ©dite sur les beaux de Londres Il nây a rĂ©ellement pas de vĂȘtement inutile pour un homme Ă la mode. Le comte dâOrsay prĂ©tend que sâil faut par jour quatre paires de gants de diffĂ©rentes couleurs, il faut Ă©galement quatre espĂšces dâhabillement⊠Lors mĂȘme quâun dandy aurait lâhabitude de se lever Ă trois heures, ne lui faut-il pas plus dâun vĂȘtement du matin ? ne peut-il pas lui arriver dâĂȘtre forcĂ© de sortir un jour Ă neuf heures ? sâhabillera-t-il comme Ă trois heures ? et sâil a un duel, mettra-t-il le mĂȘme frac que sâil se rendait au parc ? Sâil le fait, je le dĂ©clare hautement, câest un homme abĂźmĂ© de rĂ©putation.Dansle Tailleur du roi et Son Apprenti, on retient quâil vaut mieux ne pas parler Ă la place de quelquâun dâautre. BD CM1 CM2. Toto lâornithorynque et lâarbre magique > Omond et Yoann. Catastrophe : la riviĂšre oĂč Toto lâornithorynque se baigne chaque jour nâa plus dâeau ! D »oĂč provient cette soudaine sĂ©cheresse ? roman CM1. Le poil dans la main > Corinne Fleurot. C
13 fĂ©vrier 2018 2 13 /02 /fĂ©vrier /2018 1311 En classant le tailleur au rang des acteurs secondaires dans la sociĂ©tĂ© campagnarde, nous entendons dĂ©signer la condition et non le personnage ; car si la condition est d'importance minime, le personnage en revanche joue un des rĂŽles les plus marquants. Sous la tiĂšde haleine du troupeau, en hiver, Ă l'Ă©curie, durant que la bise glacĂ©e secoue avec violence les volets de la ferme ; sur le vert gazon du courtil en Ă©tĂ©, Ă l'ombre des arbres touffus, le tailleur est un heureux. Tandis que les hommes sont aux champs et peinent sur la dure, il est lĂ accroupi, Ă la façon d'un sybarite oriental, contant fleurette aux belles filles. La pipe entre les dents, un brĂ»le-gueule grand comme un dĂ© Ă coudre, oĂč, de temps Ă autre, il renouvelle avec parcimonie la provision de tabac-carotte, on le voit tirant l' aiguille avec l' allure d'un rentier qui a des revenus devant n' est pas philosophe plus stoĂŻque. Il ne s'inquiĂšte pas, lui, du temps qu'il fait. Il n' a pas son blĂ© exposĂ© Ă la grĂȘle, et tant qu'il y aura parles campagnes des filles coquettes et des jeunes gens dĂ©sireux de succĂšs, il trouvera du travail, car ils auront besoin de son coup d' aiguille pour broder les riches habits. Que lui importent les potins de village ? N'est-ce pas lui qui en est le lanceur attitrĂ© ? Il est la gazette vivante, le colporteur de nouvelles. Pendant que l'aiguille va son train, sa langue coupe et recoupe Ă travers les rĂ©putations. Malheur Ă qui tombe sous le tranchet ! Assis, les jambes croisĂ©es, sur son coussinet ou sur sa botte de paille, il juge en dernier ressort et sans appel. Mathurine passe-t-elle pour aimer qu'on la courtise ? Job est-il regardĂ© comme chĂ©rissant la dive bouteille ? cherchez le tailleur. Certes, le laboureur est bien le roi des campagnes, roi courageux et fort, roi aux mains calleuses, qui ne boude pas devant la noble tĂąche. Mais le tailleur exerce lui aussi la royautĂ© Ă sa façon ; roi Triboulet et qui n'aspire pas au rĂŽle de St-Louis. Nul n' est plus craint, nul n'est plus complimentĂ©, mais aussi nul n' est plus ridiculisĂ© . Autour de lui, il y a toujours cercle d'auditeurs ; ses compagnons d'abord, deux ou trois garçonnets ou fillettes, apprentis tailleurs, qui l'Ă©coutent parler comme on Ă©couterait l'Evangile, puis les enfants du village et les femmes que les travaux de l'intĂ©rieur retiennent Ă la ferme. Il n'existe pas de conteur plus merveilleux, de plus habile bĂątisseur de chansons. La moindre anecdote lui sert de thĂšme, et ses hĂ©ros, ses dĂ©placements journaliers d'un village Ă l'autre lui permettent de les trouver par dizaines, jeunes soupirants qui viennent le soir attacher la branche de mai Ă la fenĂȘtre de leurs belles, buveurs attardĂ©s des jours de pardon, maris Ă la poigne trop rude, femmes Ă la langue trop pointue. La plupart des sĂŽnes nouveaux qui sans cesse naissent dans les recoins perdus des campagnes et s'Ă©lĂšvent ensuite dans les airs, tels des oiseaux volages, c' est lui qui en est le pĂšre. On reconnaĂźt son inspiration Ă la forme satirique, forme dans laquelle il se complaĂźt. Du haut en bas de l'Ă©chelle villageoise, personne n'Ă©chappe Ă son coup de langue. Aussi tout en admirant sa faconde, chacun se garde de lui. Il est bien admis dans la sociĂ©tĂ© paysanne, mais on le tient un peu en marge. Avec ses mains blanches comme celles d'un notaire, oĂč l'aiguille laisse Ă peine quelques marques, il ne saurait ĂȘtre d'ailleurs considĂ©rĂ© comme un Ă©gal par les rudes travailleurs qu'il coudoie. ComĂ©dien, amu seur public, chanteur, voire poĂšte, passe encore. Quant Ă prĂ©tendre disputer le prix de la force, porter la banniĂšre du Saint, le jour du Pardon, conduire la danse, le jour du tirage au sort, en concurrence avec le fils du Laboureur, on ne le lui permettrait pas. Le tailleur, mais ce n' est pas un homme ; il en faut sept ici, neuf lĂ , -suivant les pays, pour faire un homme. C'est un tailleur et pas autre chose. Les chansonniers ne lui font mĂȘme pas l'honneur de l'admettre Ă prendre l'eau bĂ©nite dans e bĂ©nitier. Chacun pouvant ĂȘtre sa victime, chacun cherche Ă se venger de lui. Arrive-t-il quelque mauvaise histoire au pays ? C'est Ă lui qu'en revient la faute. On n' est pas loin de supposer qu'il cousine quelque peu avec l'Esprit malin. On voit, dit-on, chaque soir, le Loup garou rĂŽdant le long de tel chemin creux ; or c'est justement Ă l'heure oĂč le tailleur y passe. Avec le coucher du soleil aussi, on remarque les allĂ©es et venues d'un gros chat noir qui pĂ©nĂštre dans telle maison du bourg. Or cette maison, c'est celle du tailleur, et personne n'ignore que ce chat noir est le diable lui-mĂȘme qui, sous cette forme, lui apporte des trĂ©sors. La fermiĂšre d'un village, s'aperçoit que ses vaches, de plantureuses qu' elles Ă©taient, deviennent maigres et ne donnent plus de beurre. Le tailleur voisin au contraire, qui n' en a qu'une, a du beurre, plein sa baratte. Nul doute qu'il n' escamote le beurre de la fermiĂšre et qu'il n' ait jetĂ© un sort Ă ses bĂȘtes, aprĂšs avoir Ă©tĂ©, par le clair de lune, cueillir le trĂšfle Ă quatre feuilles dans le champ Ă trois cornes. En rĂ©sumĂ©, on croit le tailleur capable de tout et sa malignitĂ© naturelle semble devoir justifier l'opinion qu'on a de lui. A la boule, sur la place, aprĂšs vĂȘpres le dimanche, aux quilles le jour du Pardon, comme jadis Ă la Soule, lorsque ce noble jeu passionnait les campagnards, inutile de lui demander la loyautĂ©. Il a toujours mille petites ruses pour gagner la partie. C'est que, quoiqu'il pose pour le personnage fier, se plaisant aux franches lippĂ©es, ses gains ordinaires sont mĂ©diocres Quinze ou vingt sous par jour, plus la nourriture, lorsqu'il est dĂ©jĂ ouvrier accompli, cinq sous seulement parfois, lorsqu'il n'est qu'un apprenti. A ce compte, on conçoit qu'il recherche les petits profits. De lĂ vient Ă©galement que, dans certaines circonstances, il laisse volontiers de cĂŽtĂ© l' aiguille, pour prendre en main les outils du laboureur. A l'Ă©poque des moissons, une ardeur nouvelle s'allume dans son Ăąme. Contre son habitude, il est debout avec le premier chant du coq. En blouse de travail et la faucille Ă la main, vous le voyez se diriger vers le bourg, tandis que de toutes parts ouvriers agricoles et fermiers accourent aussi, ceux-ci dĂ©sireux de disposer de nombreux bras, afin d' abattre la rĂ©colte au plus vite, ceux-lĂ , attirĂ©s par la perspective de salaires d'autant plus Ă©levĂ©s que la besogne est plus dure. La rĂ©union se tient sur la place. LĂ se font les embauchages, au soleil levant. On trouve au tailleur les mains u trop blanches pour le genre de besogne qu'on lui demande, les jambes un peu trop cagneuses et trop tordues pour se courber sur le sillon, mais bah ! Le temps presse et les orages menacent ; on l'embauche avec les autres et le voilĂ au champ, pour la journĂ©e, un peu lent sans doute Ă l'ouvrage, mais allant nĂ©anmoins son petit train. Philosophiquement il laisse dire les plaisants ; puis quand, sur les neuf heures, les ouvriers vont allumer la pipĂ©e Ă l'ombre des chĂȘnes ; quand sur les quatre heures, la fermiĂšre apporte le goĂ»ter de lait aigre et de crĂȘpe fraĂźche, il reconquiert sa supĂ©rioritĂ© et savoure une bonne revanche ; sa terrible langue a vite achevĂ© d'accommoder au ridicule chacun de ses ennemis. Il est une autre circonstance oĂč il tĂ©moigne encore mieux de son savoir faire c'est au moment du DĂ©part pour la Mer. Cette expression toute locale dĂ©signe dans la vie de nos travailleurs campagnards, un Ă©vĂ©nement de grande importance. Chacun connaĂźt en effet la diffĂ©rence de tempĂ©rature qui rĂšgne dans la pĂ©ninsule, entre le L'ArgoĂ«t ou rĂ©gion de l'intĂ©rieur et L'Arvor ou rĂ©gion du littoral. Les tiges de blĂ© sont encore vertes dans le L'ArgoĂ«t, alors que, dans l'Arvor, les Ă©pis jaunis menacent de rĂ©pandre leurs grains sur le sillon. Il y a plus de quinze jours d'intervalle entre les Ă©poques de maturitĂ© de l'une Ă l'autre zone. Les ouvriers de l'intĂ©rieur en profitent. FormĂ©s en bandes de 15 Ă 20 individus, ils s'en vont, vers la Saint-Jean, voyageant jour et nuit, pĂ©nĂ©trant jusque dans les Ăźles du littoral. On y compte des hommes, des femmes, gais compagnons, marchant bon train, la chanson sur les lĂšvres. A leur tĂȘte se place naturellement le tailleur. Eux, ils ne savent guĂšre de quel cĂŽtĂ© ils se dirigent ; beaucoup n'ont jamais quittĂ© leur village ; lui au contraire n'ignore rien ; il dirige le chant et conduit sa bande par les chemins nouveaux, comme s'il y avait voyagĂ© sa vie entiĂšre. Ces quinze jours passĂ©s au loin sont quinze jours de vraie royautĂ©. Dans les discussions entre les siens et les gens du pays, on en rĂ©fĂšre Ă lui il est l' arbitre. Il est aussi l'avocat, chaque lois que ses compagnons ont besoin d'un coup de langue pour dĂ©fendre leurs intĂ©rĂȘts ; c'est sous ses auspices que se nouent les intrigues amoureuses qui amĂšneront des mariages, au commencement de l'hiver prochain. Tel est le Tailleur. Personnage important, s'il en fut, mais personnage discutĂ©. Nul n'est Ă l'abri de sa satire, nul ne le mĂ©nage, quand il n'y a pas de risque Ă l'attaquer. Contre tout le monde il est prĂȘt Ă bĂątir une chanson. Tout le monde se retourne contre lui et le chante Ă son tour, Ă la premiĂšre occasion. Personne ne se prive de lui appliquer l'arme de l'ironie qu'il s'entend si bien Ă utiliser contre le prochain. En somme il est l'acteur qui joue le rĂŽle comique dans le drame de la vie des champs. Ce rĂŽle, il s'en tire Ă merveille. Il comporte des inconvĂ©nients, il entraĂźne aussi des avantages en tout cas, jamais tailleur, de mĂ©moire de villageois, ne se plaignit de son sort. Sa puissance durera aussi longtemps que aiguille continuera d' aller.
lesgarde jalousement et ne les transmet qu'Ă son apprenti, le mataallem : celui qui apprend. Le mataal-lem est souvent le fils, le neveu, le jeune frĂšre. Tradition. Le mataallem regarde, observe et retient, pendant des annĂ©es s'il le faut. Puis il se voit confier de petites tĂąches. Mais il ne deviendra lui-mĂȘme maallem qu'Ă la mort du MaĂźtre. La patience aussi est art. Supposons un
Il Ă©tait une fois un roi qui avait une trĂšs belle fille. Par dessus tout, le roi souhaitait la rendre trĂšs heureuse. Aussi il dĂ©cida que la princesse devait avoir une nouvelle robe pour mettre en valeur sa beautĂ©. Il convoqua le tailleur le plus expĂ©rimentĂ© et le plus connu de tout son royaume pour qu'il confectionne une robe pour la princesse. "Ma fille doit avoir la plus belle robe du pays" dĂ©clara le roi. "Avant de pouvoir rĂ©aliser une telle robe" dit le tailleur, "je dois connaĂźtre ce que vous souhaitez". Et le tailleur de prĂ©senter longuement les matĂ©riaux qui pourrait ĂȘtre employĂ©s, les coupes et les modĂšles qui pourraient ĂȘtre choisis, les mĂ©thodes pour coudre et assembler, la dĂ©coration et beaucoup d'autres choses. Il parla de jupes Ă godets et de plis couchĂ©s, d'ourlets, d'ajours et de points, de pinces et de bouillonnĂ©s, de broderies et de dentelles. Le pauvre roi ne connaissait rien Ă tout cela. "Je veux juste une belle robe pour ma fille" dit-il. "Je ferai de mon mieux" dit le tailleur. La semaine suivante, le tailleur retourna au palais. Il apporta un gros classeur de documents et le prĂ©senta au roi."Votre MajestĂ©, voici notre proposition pour la robe. J'espĂšre que c'est ce que vous souhaitez. La robe sera terminĂ©e dans un an. Et pour mon travail et celui de mes collaborateurs, je vous demande humblement, MajestĂ©, 50 000 ducats". "Ces tailleurs demandent des sommes astronomiques" pensa le roi, "il n'y a mĂȘme pas un dessin de la robe dans tous ces documents mais je n'ai pas d'autre solution que de payer en espĂ©rant le meilleur". Le roi hocha tristement la tĂȘte et dit "j'accepte votre proposition" et il apposa le sceau royal sur les documents. Le tailleur se dĂ©signa lui-mĂȘme Chef-tailleur et recruta une vingtaine d'apprenti-tailleurs pour l'aider. Il leur expliqua comment, ensemble, ils allaient rĂ©aliser la robe. "DĂ©composons le travail en morceaux les manches, le corsage, la ceinture, la jupe et les parures. Chacun de vous prĂ©parera une partie de la robe. Mon travail est de spĂ©cifier ces parties et d'indiquer la maniĂšre dont elles seront assemblĂ©es. Mais ne vous prĂ©cipitez pas sur votre mĂ©tier. Nous devons d'abord planifier comment chaque partie doit ĂȘtre prĂ©parĂ©e et dĂ©composer le travail jusqu'Ă ce que le moindre dĂ©tail soit connu. Nous devons ensuite vĂ©rifier sans l'ombre d'un doute que la robe que nous rĂ©aliserons satisfera les spĂ©cifications. A la fin nous devons prouver que toutes les parties s'assembleront correctement. Avec une telle vĂ©rification, nous saurons avant la premiĂšre couture que la robe honorera la princesse du royaume et sera telle que le roi l'a commandĂ©e." Les mois passĂšrent et le chef-tailleur et ses collaborateurs remplirent des pages de papier avec les dessins de la robe et de toutes ses parties. Les Ă©toffes prĂ©cieuses achetĂ©es pour la robe restĂšrent au magasin et pas un point n'avait Ă©tĂ© cousu. Le roi commença Ă s'inquiĂ©ter la robe pourrait ne pas ĂȘtre terminĂ©e dans l'annĂ©e. Il convoqua le chef-tailleur Ă la cour et lui demanda pourquoi la robe n'avait pas Ă©tĂ© commencĂ©e. "L'exĂ©cution doit succĂ©der au plan comme la nuit succĂšde au jour" dit le chef-tailleur. "Il ne faut pas utiliser l'aiguille et le fil tant que la robe n'est pas entiĂšrement conçue". Et il en fut ainsi. Enfin la conception fut terminĂ©e et la grande oeuvre commença Ă prendre forme. Les Ă©toffes furent tissĂ©es et l'Ă©quipe de tailleurs fut trĂšs occupĂ©e Ă couper, coudre et mettre en forme. Quand les diffĂ©rentes parties de la robe furent terminĂ©es, les tailleurs les apportĂšrent au chef-tailleur pour l'assemblage. Ce fut lĂ , la partie la plus difficile, car Ă chaque assemblage de morceaux, il y avait toujours une piĂšce de tissu qui n'Ă©tait pas Ă sa place. Plusieurs fois les tailleurs reprirent leur travail pour le recoudre et des disputes se dĂ©clenchĂšrent pour savoir qui avait tort. Un jour le chef-tailleur vint voir le roi et lui dit "HĂ©las, votre MajestĂ©, la somme allouĂ©e n'est pas suffisante pour terminer la robe. La princesse a grandi depuis que les mesures ont Ă©tĂ© prises et il faut modifier les plans. Je dois donc vous demander 10 000 ducats supplĂ©mentaires pour pouvoir terminer en temps voulu. Le roi hocha tristement la tĂȘte "Allez et faites" dit-il. A la fin -un an et demi plus tard- la robe fut terminĂ©e et apportĂ©e Ă la princesse pour un essayage. HĂ©las, la pauvre fille ne put l'enfiler car le chef-tailleur dans sa recherche pour la qualitĂ© des formes, avait oubliĂ© les boutons. Rapidement les tailleurs modifiĂšrent la robe et la princesse la montra au roi. "La robe est-elle acceptable ?" demanda le chef-tailleur. "Oui" rĂ©pondit le roi bien qu'au fond de son coeur la robe ne ressemblĂąt pas du tout Ă ce qu'il attendait. Plusieurs jours plus tard, la princesse se promenait dans le jardin du chĂąteau ; elle portait sa nouvelle robe. Comme elle se penchait pour attraper une grappe de raisins, le haut de la robe glissa, exposant sa poitrine Ă la vue de tous. Le roi, trĂšs choquĂ©, convoqua le chef-tailleur. "Quelle sorte de robe avez-vous fait pour ma fille ?" s'exclama-t-il. "Non seulement elle a l'air bizarre mais j'ai payĂ© 60 000 ducats pour cela". "Je vous en prie, MajestĂ©, la robe a Ă©tĂ© faite suivant les spĂ©cifications que vous aviez acceptĂ©es. Nulle part, il est indiquĂ© que la robe doit rester en place. En fait, ce n'est pas un dĂ©faut mais une caractĂ©ristique de la robe. Mais si votre MajestĂ© dĂ©sire modifier la robe, je dois humblement vous demander 15000 ducats pour l'immense travail nĂ©cessaire pour satisfaire vos souhaits". Le roi hocha tristement la tĂȘte. "Allez et faites" dit-il. Quelques annĂ©es plus tard, le chef-tailleur fut changĂ© en crapaud par une fĂ©e dont il avait repoussĂ© les avances. AprĂšs cette transformation, des taches Ă©tranges et des dĂ©chirures apparurent sur la robe de la princesse. La petite Ă©choppe de tailleurs qui avait Ă©tĂ© utilisĂ©e par le chef-tailleur pour entretenir la robe, examina cette derniĂšre en dĂ©tail pour essayer de la rĂ©parer. Mais personne ne trouva les documents qui dĂ©crivaient la conception et le travail fut abandonnĂ©. La princesse mit la robe au fond de son armoire oĂč elle est restĂ©e jusqu'Ă ce jour.letailleur et son apprenti piĂšce dombres chinoises theatre dobres nicolas aubert silhouettes marionnettes chinese shadows schattentheater schattenspiel schattenfiguren THĂĂTRE
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CHANSONDU TAILLEUR DE PIERRES Par Charles PONCY: Avant d'aborder ladite chanson, prĂ©sentons son auteur, Louis-Charles Poncy (1821 - 1891) Ce toulonnais, fils de maçon, maçon lui-mĂȘme, commence Ă travailler dĂšs l'Ăąge de neuf ans. La lecture de Racine lui donne le goĂ»t de la poĂ©sie et il s'y essaie avec un certain succĂšs.Accueil Formation MĂ©tiers de la Pierre Ăcoles Formations et Stages Compagnonnage Adresses Utiles Les CarriĂšres Carte de France des CarriĂšres Autorisation d'Exploiter Techniques d'Extraction Auvergne / RhĂŽne Alpes Bourgogne / Franche ComtĂ© Bretagne Centre / Val de Loire Corse Grand Est Hauts de France Ile de France Normandie Nouvelle Aquitaine Occitanie Provence / Alpes CĂŽte d'Azur Vie de Roche Les Pros 01 Ain 02 Aisne 03 Allier 04 Alpes-de-Haute-Provence 05 Hautes-Alpes 06 Alpes-Maritimes 07 ArdĂšche 08 Ardennes 09 AriĂšge 10 Aube 11 Aude 12 Aveyron 13 Bouches-du-RhĂŽne 14 Calvados 15 Cantal 16 Charente 17 Charente-Maritime 18 Cher 19 CorrĂšze 2A Corse-du-Sud 2B Haute-Corse 21 CĂŽte-d'Or 22 CĂŽtes-d'Armor 23 Creuse 24 Dordogne 25 Doubs 26 DrĂŽme 27 Eure 28 Eure-et-Loir 29 FinistĂšre 30 Gard 31 Haute-Garonne 32 Gers 33 Gironde 34 HĂ©rault 35 Ille-et-Vilaine 36 Indre 37 Indre-et-Loire 38 IsĂšre 39 Jura 40 Landes 41 Loir-et-Cher 42 Loire 43 Haute-Loire 44 Loire-Atlantique 45 Loiret 46 Lot 47 Lot-et-Garonne 48 LozĂšre 49 Maine-et-Loire 50 Manche 51 Marne 52 Haute-Marne 53 Mayenne 54 Meurthe-et-Moselle 55 Meuse 56 Morbihan 57 Moselle 58 NiĂšvre 59 Nord 60 Oise 61 Orne 62 Pas-de-Calais 63 Puy-de-DĂŽme 64 PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques 65 Hautes-PyrĂ©nĂ©es 66 PyrĂ©nĂ©es-Orientales 67 Bas-Rhin 68 Haut-Rhin 69 RhĂŽne 70 Haute-SaĂŽne 71 SaĂŽne-et-Loire 72 Sarthe 73 Savoie 74 Haute-Savoie 75 Paris 76 Seine-Maritime 77 Seine-et-Marne 78 Yvelines 79 Deux-SĂšvres 80 Somme 81 Tarn 82 Tarn-et-Garonne 83 Var 84 Vaucluse 85 VendĂ©e 86 Vienne 87 Haute-Vienne 88 Vosges 89 Yonne 90 Territoire de Belfort 91 Essonne 92 Hauts-de-Seine 93 Seine-Saint-Denis 94 Val-de-Marne 95 Val-d'Oise 971 Guadeloupe 972 Martinique 973 Guyane 974 La RĂ©union 976 Mayotte Belgique Sculpteurs PrĂ©sentation des Sculpteurs Mur photo des Sculpteurs Les Outils Ăquipements de Protection DĂ©coupe de la pierre Mesures & TracĂ©s Taillants Smille & TĂȘtu Masses Massettes & Maillets Pic Chasse & Ciseaux Boucharde Chemins de Fer Limes RĂąpes & Rifloirs Perçage Ponçage Polissage La Forge Les Autres Machines Fournisseurs Outils & Machines Anciens Outils Techniques Dessins Principes Les Moulures La Balustrade Les Piliers Les Fontaines Les Encadrements Les CheminĂ©es L'Opus Romain La Sculpture La Vision L'Approche Les MatĂ©riaux Les Outils Taille Directe ModĂšles Copie Artiste - Le Statut Symboles Glossaire La Gravure L'Art de la Lettre Les Outils La Technique Les Ăcritures Le Rechampissage GĂ©nĂ©rateur de texte Nos Statues ModĂšles ModĂšles de Puits ModĂšles de Bancs ModĂšles d'Encadrements ModĂšles de Lucarnes ModĂšles de Fontaines ModĂšles de Gargouilles ModĂšles de Modillons ModĂšles de Mascarons ModĂšles d'Armoiries ModĂšles de Motifs SculptĂ©s ModĂšles de Cadrans Solaires Pose Choisir un Dallage Poser du Dallage Poser du RevĂȘtement Services Zones de gel Une CarriĂšre Sous Ma Maison ? Centre Technique CTMNC Entretien Nettoyer les façades Nettoyer les sols ProtĂ©ger la pierre RĂ©parer la pierre Art du Levage Les MusĂ©es Glossaire Bibliographies Biblio-Inventaire Biblio-Architecture & Pose Biblio-Taille de pierre Biblio-Sculpture Biblio-CarriĂšres et RĂ©gionalisme Biblio-SĂ©curitĂ© Biblio-Divers Biblio-Adresses Annonces Offres d'Emploi Demandes d'Emploi Contacts La Collec... Cartes Postales Dessins Peintures Images Timbres Outils Objets Photographies Les Chansons Dessine-moi un Tailleur P'tite Histoire Jeux Le Casque !!! Fuit l'apprenti Mot Ă Appareiller Cherchez les pierres DiffĂ©rences Puzzles Les ĂcrasĂ©s Quoi ! Que ! Quizzzzz Les Troutrous Mots CroisĂ©s PierrĂ©bus Humour Lapidum Museum Mascarons VIP Ex'pressionne Histoires DrĂŽles Pierroscope Contact LA CHANSON DU TAILLEUR DU PIERRE Louis-Charles Poncy vers 1850 Refrain En avant le maillet d'acier Il donne une Ăąme au bloc grossier. En avant le maillet d'acier. Vive le travail nourricier ! Honte Ă qui chĂŽme encore Loin des chantiers rivaux ! Avril a fait Ă©clore Les fleurs et les travaux. FrĂšres, je vous arrive Avec la joie au coeur; Et vite qu'on m'inscrive Au livre du Cinq mois, dans nos villages, J'ai, trompant les ennuis, TaillĂ© seuils et dallages Et margelles de puits. La boucharde et l'aiguille RĂ©sonnaient tour Ă tour, Et du printemps qui brille Appelaient le Morbleu ! les belles pierres Que pour nous, dans les airs, Fait jaillir des carriĂšres La mine aux sourds Ă©clairs ! A nous ces blocs Ă©normes Notre bras sait comment Du flanc des monts informes On tire un Palais que l'on contemple Dans les grandes citĂ©s; Arc-de-triomphe, temple, Chefs-d'oeuvre au loin citĂ©s Tous ces frontons augustes Qu'on se montre du doigt, C'est Ă nos mains robustes, C'est Ă nous qu'on les L'adepte qui voyage, Le coeur plein d'avenir, Partout, sur son passage, Salue un souvenir. Il lĂšve la paupiĂšre Et lit, d'un oeil joyeux, Ces poĂšmes de pierre Qu'ont Ă©crits ses Un roi, par nos ancĂȘtres, Fit, sur le sol hĂ©breu, BĂątir un temple aux prĂȘtres Plus encor qu'au vrai Dieu. Fils de l'architecture, Venez, dit-il voici Des lettres de roture Soyez nobles aussi. »Refrain Mais des gloires plus vieilles DĂ©jĂ sacraient nos droits, Car sur les sept merveilles, On nous en devait trois. Jardins aux murs splendides, Temple qu'un fou brĂ»la, Antiques pyramides Notre blason est lĂ !Refrain Comme nos braves pĂšres, Les premiers compagnons, CrĂ©ons des jours prospĂšres A l'art oĂč nous rĂ©gnons. Gardons dans nos Ă©coles L'Ă©querre et le compas, Et que ces beaux symboles RĂšglent partout nos CARRIERS Pierre DUPONT 1850 Cliquez pour voir la partition L'homme jadis habitait les cavernes Et disputait son sĂ©jour au lion, Buvant la pluie amassĂ©e aux citernes; Il a changĂ© son habitation. L'esprit, menant les muscles intrĂ©pides, A su bĂątir des monuments altiers, Creuser des puits, dresser des pyramides; Reconnaissons l'ouvrage des Race intrĂ©pide et dure Dont le cĆur guide la main Arrache au flanc de la nature La pierre, le granit qui dure, Pour abriter le genre humain bis On reconnait leur trace d'Ăąge en Ăąge, Avec MoĂŻse, au temps de Pharaon, De la mer Rouge ils sĂ©chaient le passage, Ils remuaient des blocs pour Salomon. Les monuments de la GrĂšce et de Rome, Conception des plus vastes cerveaux, La cathĂ©drale ou Dieu se montre Ă l'homme Avaient pour base, ĂŽ carriers! Vos travaux.Refrain Parlerons-nous du Paros, du Carrare, D'oĂč sont sortis les dĂ©esses, les dieux, Marbre vantĂ©s dont la terre est avare. Et dont l'Ă©clat rendrait jaloux les cieux Quand Phidias, quand depuis Michel Ange Font Jupiter, ou MoĂŻse, ou Venus, Jusqu'Ă leurs pieds si le bloc se dĂ©range, C'est par l'effort des carriers inconnus.Refrain Il me souvient qu'aux jours de mon enfance, Quand mes regards embrassaient l'horizon, J'avais pour borne une montagne immense D'ou s'arrachaient les pierres de Couzon Le bruit des pics sonnant dans les carriĂšres Un ouvrier me dit d'un air vainqueur Enfant, Lyon est sorti de ces pierres, J'entends les pics rĂ©sonner dans mon cĆur.Refrain Or. ce carrier, il me faut le dĂ©peindre ; C'est j'en suis sĂ»r, le type du Gaulois De grands yeux bleus qui ne savent pas feindre, Des cheveux roux, et de l'or dans la voix ; Grands pieds des mains Ă trancher la montagne, A protĂ©ger le faible sans Ă©clat ; Reste a penser si sa douce compagne Doit ĂȘtre heureuse avec cet homme LĂ !Refrain Toujours Ă©gal, au jour comme Ă la toise, Son travail fait, rend ses enfants joyeux ; J'en ai connu d'autres, aux bords de l'0ise, Qui n'avaient pas ces clartĂ©s dans les yeux ; Comme a Montrouge ils travaillaient sous terre, Et ne sortaient qu'au coucher du soleil ; Ah! Bonnes gens! Il faut un cĆur de pĂšre Pour s'accroupir en un mĂ©tier pareil !Refrain Que vous ayez pour tĂ©moins de vos peines Les Ă©perviers ou les chauves-souris, De vos sueurs et du sang de vos veines DorĂ©navant nous connaissons le prix, Les viaducs de nos routes ferrĂ©es Sont dans l'azur de lumineux tĂ©moins Criant Ă tous que vos peines sacrĂ©es Vous donnent droit Ă des repos divinsLE PETIT TAILLEUR DE PIERRE Louis GABAUDE 1966 C'Ă©tait un petit tailleur de pierre Sans beaucoup d'Ă©clat, Je crois bien que son nom Ă©tait Pierre, Pierre ou Nicolas. Il faisait des heures supplĂ©mentaires, Savez-vous pourquoi ? Pour sculpter le corps d'une bergĂšre Qui ne l'aimait pas. Quand il l'eut ciselĂ©e toute entiĂšre De la tĂȘte aux bras, Il la dĂ©posa dans sa chaumiĂšre, Au creux de ses draps. Je ne sais si, la nuit, la bergĂšre Se requinquilla, Mais, au matin, le tailleur de pierre Se pĂ©trifia. Je tiens cette histoire de mon pĂšre ; Mais, moi qui suis lĂ , Je vous prouve qu'il n'Ă©tait pas Pierre, Ni mĂȘme Nicolas. Ecoutez " Le Petit Tailleur de Pierre " par Louis Gabaude Votre navigateur n'est pas compatible LA BALLADE DU TAILLEUR DE PIERRE Louis GABAUDE 1966 Avec l'accent de nos CĂ©vennes Mon pĂšre un jour m'a confiĂ© L'humble chanson, ballade ancienne, Des vieux tailleurs trop oubliĂ©s Ceux qui n'ont pas bĂąti Saint-Pierre En l'honneur de la papautĂ© Ceux qui sont morts sans vanitĂ© Frappez, frappez, tailleurs de pierre Phidias a bien sculptĂ© AthĂšnes MontrĂ© VĂ©nus dans sa beautĂ© D'autres serti dans la Touraine De grands chĂąteaux d'oisivetĂ© Mais vous, esclaves de naguĂšre D'Angkor Ă Brest, vous nous taillez Des ponts du Gard, puis mendiez Frappez, frappez, tailleurs de pierre Pour Sidrobriens, durs Ă la peine Vous les Bretons, en sa beautĂ©, N'avez taillĂ© que des fontaines, De lourds chenets, des seuils crottĂ©s, Des croix perdues sous le lierre, Des tours de puits, des escaliers, Des meules pour le vieux meunier, Frappez, frappez, tailleurs de pierre Princes tailleurs, mon cĆur espĂšre Que ceux qui font notre citĂ© N'auront pas moins d'honnĂȘtetĂ© Frappez, frappez, tailleurs de pierre Ecoutez " La Ballade du Tailleur de Pierre " par Louis Gabaude Votre navigateur n'est pas compatible LE TAILLEUR DE PIERRE Chanson Compagnonnique de La GaietĂ© 1944 Couplet 1 Compagnon, le coq matinal A claironnĂ© l'Ă©veil du monde Du soleil le rouge fanal Te convie aux tĂąches fĂ©condes LĂšve-toi, marche Ă ton labeur, N'entends pas la voix qui murmure " Le cric est lourd, la pierre est dure ! " Si le courage a fui ton cĆur Ăcoute l'immense nature Te lancer cet appel vainqueur Refrain Allons ! Allons ! La Coterie Redresse-toi, massette en main Travaille comme on prie Sans haine et sans envie En parcourant la vie Regarde en haut, tu iras loin ! Couplet 2 Ton caillou est lĂ qui t'attend Et ta boucharde te rĂ©clame. Bien qu'ils soient inertes, pourtant Nos outils possĂšdent une Ăąme. Et c'est eux qui poussent ce cri " Ne laisse pas la rouille impure Ătendre sur nous sa morsure Et de lĂ gagner ton esprit. Nous pĂ©rirons de la blessure Vois ton oeuvre qui te sourit ! "Refrain Couplet 3 Par la rĂšgle et le ciseau, Par le compas et l'Ă©querre, Taille un parement sans dĂ©faut Et des moulures complĂ©mentaires Fais des ponts, fais des escaliers, Des rampants aux courbes joyeuses, Fais des tombeaux, d'une main pieuse ; Suivant des rites du mĂ©tier Et, d'une Ăąme victorieuse, Dresse des monuments altiers !Refrain Couplet 4 Laisse aux pauvres gens sans mĂ©tier Les emplois dans les ministĂšres. Tu as pour bureau ton chantier Et ta broche pour secrĂ©taire, Et sa pointe dira demain Aux hommes, mieux qu'un long grimoire, Ton dur labeur, ta pure gloire L'oeuvre de tes habiles mains. Mais pour vivre dans les mĂ©moires. Il faut se donner aux humains !Refrain Couplet 5 Celui qui fit cette chanson Est Compagnon tailleur de pierre. "La GaietĂ©", lui fait un bon nom; A Villebois, gĂźt sa carriĂšre. Compagnon, dans un jour prochain, Si vous faites ce court voyage, Nous descendrons, comme d'usage, A la cave, et sans loin ni frein, En trinquant au Compagnonnage Nous entamerons ce refrain !RefrainLE ROCK DU ROC Ami carriers, vous aussi vous avez droit Ă votre "tube de l'Ă©tĂ©". Atlas Copco, le roi du perfo de carrier..., vous a concoctĂ© un vieux rock vintage dans les annĂ©es 70 Une mĂ©lodie pour sept instruments et marteau-perforateur Le Roc du Rock Et dire que vous aviez ratĂ© ça !... Instrumental au son sixties, avec cuivres et orgue arrangements de Mario PagaroEcoutez "Le rock du roc" par Mario Pagaro Votre navigateur n'est pas compatible JE SUIS UN TAILLEUR DE PIERRES Paroles et musique Jacques Hustin et Michel Noiret InterprĂštes Jacques Hustin Je suis un tailleur de pierres Un bien modeste artisan Mais il y a dans ma soupiĂšre De quoi nourrir mes enfants Le maillet est mon seul maĂźtre Il rythme mon quotidien Prolongement de mon ĂȘtre La force qui me soutient Dans mon atelier rĂ©sonnent le ciseau et le burin Mais la pierre que je façonne est pareille Ă mon destin Marbre, granit ou calcaire Banc public ou cathĂ©drale Il faut qu'elles soient d'Ă©querre Je n'ai pas d'autre morale Pierre tendre, pierre dure Le burin est au labeur Le temps peut vous faire injure La beautĂ© est en vos coeurs Dans mon atelier rĂ©sonnent le ciseau et le burin Mais la pierre que je façonne est pareille Ă mon destin Ainsi, de l'humble chaumiĂšre Aux fastueux monuments Tous les murs sont fait de pierre Qu'importe les ornements Angulaire ou clef de voĂ»te Chacune est un Ă©lĂ©ment Toutes sont Ă©gales Ă toutes La sagesse est leur ciment Ecoutez " Je suis un tailleur de pierres " par Jacques Hustin Votre navigateur n'est pas compatible LA MARCHE DES TAILLEURS DE PIERRE Chanson des bĂątisseursChanson extraite de la comĂ©die, musicale et théùtrale, pour enfants "LE RĂVE DE TIBERE" Livret de Paul Madec Paroles et musique Paul Madec Cher compagnon bis Pour devenir un bon tailleur Il te faut montrer force et cĆur bis Et fendons lĂ , la pierre bis Notre destin bis Nous le tenons dans nos burins Nos marteaux et nos pauvres mains bis Et fendons lĂ , la pierre bis Beaux chevaliers bis Nous sommes de bons ouvriers Prenez-nous pour quelques deniers bis Et fendons lĂ , la pierre bis Noble Marquis bis Vous ne craindrez point l'ennemi DerriĂšre nos mĂąchicoulis bis Et fendons lĂ , la pierre bis S'il plaĂźt au ciel bis Nous habillerons de dentelles Les cathĂ©drales et les chapelles bis Et fendons lĂ , la pierre bis Le bois, le fer bis Redoutent les vers et la rouille Longtemps dureront nos gargouilles bis Et fendons lĂ , la pierre 4 fois Ecoutez " La Marche des Tailleurs de Pierre " par Paul Madec Votre navigateur n'est pas compatible LE TAILLEUR DE PIERREChanson de Compagnons Paroles Anonyme Musique traditionnel InterprĂštes Compagnons de NĂźmes Depuis Paris jusqu'Ă Valence, J'ai fait cent lieues sans travailler, Une Coterie m'a criĂ© je pense, Y'a de l'ouvrage Ă Montpellier. Tout en entrant dans cette ville, J'entends les compagnons chanter. Et m'approchant d'une boutique, Le maĂźtre, moi j'ai saluĂ©. Auriez-vous maĂźtre, mon bon maĂźtre, Un peu d'ouvrage Ă me donner ? J'ai dans mon sac une herminette, Qui demande Ă se dĂ©rouiller. L'ouvrage ici ne manque guĂšre, Pour celui qui sait travailler. Nous avons des corniches Ă faire, Des chapiteaux Ă retourner. Avec la pierre qu'on me donne, J'ai donc taillĂ© le chapiteau, Le dĂ©, le fĂ»t et la colonne, Qui va supporter le bandeau. Le maĂźtre a dit Ă la bourgeoise, Nous avons lĂ un bon ouvrier. Et puisque notre fille est grande, Il nous faudrait les marier. La fille prend sa quenouillette, Et prĂšs de moi s'en vient filer. Tandis que de mon herminette, Je taille volume et larmier. Ăcoutez-moi Tailleur de Pierre, Brave Compagnon Ă©tranger. Mon pĂšre veut, aussi ma mĂšre, Vous donner ma fleur d'oranger. Merci, merci de vos avances, Ma belle enfant, vous le savez, J'ai commencĂ© mon Tour de France, Et je dĂ©sire l' " Le tailleur de pierre " par les Compagnons de NĂźmes Votre navigateur n'est pas compatible LE TAILLEUR DE PIERREChanson de Compagnons Paroles Anonyme Musique traditionnel InterprĂštes La Bamboche ou Marc Robine Depuis Paris jusqu'Ă Valence, J'ai fait cent lieues sans travailler, Depuis Paris, petite ville, Ă Montpellier, bien renommĂ©e. Tout en entrant dedans la ville, J'entends les compagnons chanter. Bien le bonjour, tailleurs de pierre ! Et vous le maĂźtre de chantier. N'auriez-vous pas ouvrage Ă faire, Pour un compagnon Ă©tranger ? Mais si, mais si, rĂ©pond le maĂźtre, pourvu qu'il sache travailler... Prends donc ta pierre sur la place, Et ton marteau va la tailler ! Il prend sa pierre et il la pique, La fait pareille Ă un papier. Le bourgeois dit Ă la bourgeoise Ah ! mon Dieu ! Quel bon ouvrier ! Nous avons notre fille aĂźnĂ©e, S'il la veut, faut la lui donner. La fille prend sa quenouillette, Sur le chantier, s'en va filer Bien le bonjour, tailleur de pierre ! Voulez-vous pas vous marier ? Je vous remercie, Demoiselle, De l'honneur que vous me faisez. Mais j'ai mon Tour de France Ă faire, S'il plaĂźt Ă Dieu, le " Le tailleur de pierre " par La Bamboche Votre navigateur n'est pas compatible DĂJĂ MAL MARIĂE, DĂJĂChanson de Bretagne Paroles Inconnu Musique traditionnel Cette chanson traditionnelle bretonne sur le thĂšme de la mal mariĂ©e Ă©voque la plainte d'une jeune fille suite Ă son mariage forcĂ© avec un tailleur de pierre. Mon pĂšre m'a mariĂ©e Ă un tailleur de pierre bis Le lendemain des noces m'envoie Ă la carriĂšre bisRefrain DĂ©jĂ mal mariĂ©e dĂ©jĂ , dĂ©jĂ mal mariĂ©e, guĂ© ! bis Le lendemain des noces, m'envoie Ă la carriĂšre bis Et j'ai trempĂ© mon pain dans le jus de la pierre bisRefrain DĂ©jĂ mal mariĂ©e dĂ©jĂ , dĂ©jĂ mal mariĂ©e, guĂ© ! bis Et j'ai trempĂ© mon pain dans le jus de la pierre bis Par lĂ vint Ă passer le curĂ© du village bisRefrain DĂ©jĂ mal mariĂ©e dĂ©jĂ , dĂ©jĂ mal mariĂ©e, guĂ© !bis Par la vint Ă passer le curĂ© du village bis Bonjour Monsieur l'curĂ©, j'ai deux mots Ă vous dire bisRefrain DĂ©jĂ mal mariĂ©e dĂ©jĂ , dĂ©jĂ mal mariĂ©e, guĂ© ! bis Bonjour Monsieur l'curĂ©, j'ai deux mots Ă vous dire bis Hier m'avez faites femme, aujourd'hui faites moi fille bisRefrain DĂ©jĂ mal mariĂ©e dĂ©jĂ , dĂ©jĂ mal mariĂ©e, guĂ© ! bis Hier vous m'avez faites femme, aujourd'hui faites moi fillebis De fille je fais femme, de femme je fais point fille bis Quand on est mariĂ© c'est pour la vie entiĂšreRefrain DĂ©jĂ mal mariĂ©e dĂ©jĂ , dĂ©jĂ mal mariĂ©e, guĂ© ! bisEcoutez la version de " DĂ©jĂ mal mariĂ©e, dĂ©jĂ " par le ChĆur de la Joyeuse Garde Votre navigateur n'est pas compatible LES TROIS MAĂONS JOLISChanson de tailleurs de pierre Paroles Anonyme Musique traditionnel InterprĂšte Gabriel Yacoub C'est trois maçons jolis de leur pays s'en vont bis De leur pays s'en vont tous trois plein d'assurance Avec le cĆur joyeux de faire leur tour de France Le plus jeune des trois savait bien travailler bis savait bien travailler habile Ă son ouvrage Il a bien su gagner le cĆur de sa Picarde La Picarde lui dit "C'est toi maçon joli bis C'est toi maçon joli qui taille bien la pierre SoulĂšve mon jupon tu verras ma carriĂšre" Le gars n'y a pas manquĂ© son jupon a levĂ© bis Son jupon a levĂ© et aussi sa chemise fine Il s'est mis Ă tailler dans la pierre la plus fine Au bout de six semaines, grand mal de cĆur la prend bis Grand mal de cĆur la prend, aussi grande souffrance Fallu le mĂ©decin pour calmer la patiente C'est un maçon joli qu'a couchĂ© dans mon lit bis Qu'a couchĂ© dans mon lit et troublĂ© ma fontaine Et moi pauvre fillette je reste dans les peines Ecoutez " Les trois maçons jolis" par Gabriel Yacoub Votre navigateur n'est pas compatible TAILLEUR DE PIERREComposition originale Paroles et musique Paul FANE Musiciens P. Fane chant et guitare - Daniel CĂ©lĂ©rier guitare et choeurs Nick Manley mandoline - William Boulestin basse - Fabrice Mangeret batterie et choeurs Arrangements Fane, OctĂ n et Boulestin Mixage Fane et Boulestin Fane/1991/OctĂ n 1993-1994 Le col ouvert sur leur pourpoint Ils vous regardent de leurs yeux verts En indiquant du bout des mains Les bĂątisseurs coupant des pierres Et tout au prĂšs des traces blanches Des chaux et des ciments d'hier Les mains posĂ©es au creux des hanches En pardonnant cette poussiĂšre Qui partira quand un dimanche s'Ă©lĂšvera un monastĂšre, un monastĂšre Refrain Tailleur de pierre courbant l'Ă©chine Courbant son dos dans la poussiĂšre ĂreintĂ© par le poids du fer Celui des feux et des vitraux Tailleur de pierre, souffleur de verre Dans la lumiĂšre de leur tombeau Tailleur de pierre, tailleur de pierre, tailleur de pierre Un monastĂšre, une cathĂ©drale Ou peu importe qu'il soit sacrĂ© Un monument posĂ© sur toile Que l'architecte a dessinĂ© Le maĂźtre d'Ćuvre de son compas Mesure un angle ou son carrĂ© L'ogive absente vibre dĂ©jĂ Sous son crayon juste taillĂ© Une clef de voĂ»te, transept droit OĂč s'Ă©vertuent des ouvriers, des ouvriers Puis il Ă©tend dans la fondure de son manteau Son bras raidi, le doigt tendu d'une voix sĂ»re Compte la pierre, les coups de scie Puis il Ă©crit chaque calcul Au coin de son grand rouleau gris Des nombres et puis vieilles formules Connues bien seulement de lui Planches secrĂštes de ses modules De ses bĂątisses gardĂ©es sur lui, gardĂ©es sur lui Quand au soleil il se fait tard On entend la voix des maçons S'Ă©chapper comme des tĂąches noires Dans la clartĂ© des palançons Le ciseau tiĂšde d'un tailleur Le maillet chaud prĂšs d'un relief Le compagnon prĂšs d'un sculpteur OubliĂ© sur l'Ă©bauche des nefs Rappellent aux hommes que pour un choeur Des vies ont usĂ© leurs griefs, leurs griefsEcoutez " Tailleur de pierre " par Paul Fane Votre navigateur n'est pas compatible LES OUVRIERS DU SOIRComposition originale Paroles Paul FANE Musique Paul FANE InterprĂšte Paul FANE Il s'Ă©lĂšve des corbeaux sur le ciel orangĂ© Dans la lumiĂšre du soir oĂč les hommes vont coucher Des roussettes qui s'envolent des mutules ombragĂ©es Des chapiteaux gĂ©ants, des frontons, des larmiers Sur le sol des onglets et des emboutissoirs Des oiseaux Ă©puisĂ©s, des maillets, des planoirs Des tas de chaux vive et des ciments gris et noirs Que la poussiĂšre divise et disperse dans le soir Marteler, cisailler, Ă©crouir, guillocher, EpuisĂ©s, suspendus dans le vide, l'ouvrier Erige avec ses larmes et ses reins qui se brisent Les ornements sacrĂ©s et les cintres des ogives Les contreforts gĂ©ants, la croisĂ©e du transept Et la flĂšche qui darde les Ă©thers comme un sceptre Le dĂ©ambulatoire Ă©clairĂ© des fenĂȘtres OĂč les prĂȘtres baiseront le pied bot des Ă©vĂȘques Et ils tombent de sommeil pour dix siĂšcles d'histoire Ouvriers rubiconds rĂ©chauffĂ©s par le vin Ces tailleurs oubliĂ©s des romaines mĂ©moires Sous la pierre si Ă©paisse des hauts socles divinsTU SERAS TAILLEUR, MON FILS, AUSSIComposition originale Paroles Paul FANE Musique Paul FANE InterprĂšte Paul FANE Mon vieux grand-pĂšre Ă©tait tailleur, son pĂšre un tailleur avant lui. Ils y ont laissĂ© tout leur cĆur, tu seras tailleur, mon fils, aussi. J'aurais prĂ©fĂ©rĂ© couturier, ou bien coiffeur, tout autre chose mais quand la rosace est taillĂ©e, c'est comme le bon Dieu qui te cause. La pierre triomphe des saisons, elle triomphe aussi des hommes le temps qui passe Ă ses raisons, dans la pierre c'est toutes les sommes Mon vieux grand-pĂšre Ă©tait tailleur et son pĂšre l'Ă©tait avant lui comme ton pĂšre tu seras tailleur touchĂ© par cette grĂące Malithe Mon vieux grand-pĂšre Ă©tait tailleur, son pĂšre tailleur avant lui. Ils y ont laissĂ© tout leur cĆur, tu seras tailleur, mon fils, aussi. J'aurais prĂ©fĂ©rĂ© couturier, ou bien coiffeur, tout autre chose mais quand la rosace est taillĂ©e, c'est comme le bon Dieu qui te cause. C'est comme le bon Dieu qui te " Tu sera tailleur, mon fils, aussi " par Paul Fane Votre navigateur n'est pas compatible LA FILLE DU TAILLEUR DE PIERREComposition originale Paroles MORGANE Musique MORGANE InterprĂšte MORGANE Passe et repasse et repasse devant moi si tu veux, je ne bougerai pas, pas un cil. Danse, et redanse, et redanse autour de moi, si tu veux, je resterai lĂ , immobile. MĂ©lange les mauvais ressorts sur le faux si tu veux, je ne perdrai plus, plus jamais le fil. Ecrit-moi, chante-moi, mime-moi, ta flamme si tu veux, ça ne rĂ©chauffera pas mon cĆur Tu es la fille du, du tailleur de pierre, du tailleur de pierre. Tu n'es qu'une statue, mon cĆur bat dans la pierre, mon cĆur bat dans la pierre. Pose et repose et repose-toi contre moi si tu veux, je ne dormirai pas, je n'ai pas d'exil. Touche-la, embrasse-la, serre-la, plus fort sous mes yeux, ça n'atteindra pas mon cĆur Tu es la fille du, du tailleur de pierre, du tailleur de pierre. Tu n'es qu'une statue, mon cĆur bat dans la pierre, mon cĆur bat dans la pierre. Moi j'attends celui qui cassera ce corps en mille morceaux, Ă coups d'amour, en briques de projets simplement fantastiques, moi j'attendrai dix ans encore, guettant le sort. S'il le faut approche-toi, si tu viens, il bat pour toi, si tu veux bien, il bat pour toi, si tu veux Tu es la fille du, du tailleur de pierre, du tailleur de pierre. Tu n'es qu'une statue, mon cĆur bat dans la pierre, mon cĆur bat dans la " La fille du tailleur de pierre " par Morgane Votre navigateur n'est pas compatible LA PREMIĂRE CATHĂDRALEComposition originale Paroles Frank Thomas Musique Gilbert BĂ©caud InterprĂšte Gilbert BĂ©caud 1975 © BMG Music Publishing France Jamais on n'a approchĂ© d'aussi prĂšs les Ă©toiles Qu'en bĂątissant un jour La premiĂšre cathĂ©drale AllĂ©luia... Jean le tailleur de pierre Est venu Ă pied De son Limousin Et du bas Languedoc Yves le charpentier Et ses deux cousins Trois hivers en terre Pour les fondations Seront nĂ©cessaires Mais les murs tiendront Jamais on n'a approchĂ© d'aussi prĂšs les Ă©toiles Qu'en bĂątissant un jour La premiĂšre cathĂ©drale AllĂ©luia... C'est de l'Ăle de France Que viennent les chĂȘnes Et les peupliers Et les maçons assemblent Les poutres, les voĂ»tes Sur les grands piliers Pose tes lumiĂšres MaĂźtre vitrier Et que le soleil Soit ton prisonnier Jamais on n'a approchĂ© d'aussi prĂšs les Ă©toiles, jamais Qu'en bĂątissant un jour La premiĂšre cathĂ©drale AllĂ©luia... Les gens lĂšvent la tĂȘte OĂč les architectes Lancent les clochers Et de la basse ville Les truands, les filles Comptent leurs pĂ©chĂ©s En cet an de grĂące L'an mille trois cents Lui qui nous regarde Il sera content Jamais on n'a approchĂ© d'aussi prĂšs les Ă©toiles Qu'en bĂątissant un jour La premiĂšre cathĂ©drale AllĂ©luia... La crosse de l'Ă©vĂȘque Frappe par deux fois La porte aux clous d'or Et l'on chante au parvis Les pieds nus on suit Les bourgeois d'abord A genoux la ville C'est ici ton cĆur La foi te dĂ©livre En une clameur Jamais on n'a approchĂ© d'aussi prĂšs les Ă©toiles Qu'en bĂątissant un jour La premiĂšre cathĂ©drale AllĂ©luia...Ecoutez " La premiĂšre cathĂ©drale " par Gilbert BĂ©caud Votre navigateur n'est pas compatible LE TAILLEUR DE GRANITComposition originale de 1946 Paroles ThĂ©odore Botrel Musique Charles de Sivry InterprĂšte ThĂ©odore Botrel Sur le bord de l'OcĂ©an C'est moi qui taille la pierre. Cogne l'ami Pierre ! J'ai pour amis, sur la terre, Le mauve et le goĂ©land ... Cogne et pan, pan, pan ! Que seras-tu dans un an, Fier granit du FinistĂšre ? Cogne, l'ami Pierre ! Soutiendras-tu la ChaumiĂšre, Ou le Palais d'un puissant ? Cogne et pan, pan, pan ! Sur la route, au coin d'un champ, Ne seras-tu pas Calvaire ? Cogne, l'ami Pierre ! Ou ben, dans un cimetiĂšre, Joli tombeau rose et blanc ? Cogne et pan, pan, pan ! De Sainte Anne ou de Saint Jean Seras-tu l'image austĂšre ? Cogne, l'ami Pierre ! Ou l'image mensongĂšre D'un cĂ©lĂšbre courtisan ? Cogne et pan, pan, pan ! Tu me maudiras souvent Peut-ĂȘtre, alors, pauvre pierre, Cogne, l'ami Pierre ! Mais, va, l'Avenir, ma chĂšre, Te vengera sĂ»rement ... Cogne et pan, pan, pan ! Avant qu'il ne soit longtemps, A son tour le pauvre hĂšre, Cogne, l'ami Pierre ! Sera rĂ©duit en poussiĂšre Par le grand marteau du Temps ! ... Cogne et pan, pan, pan ! CHANSON DES TAILLEURS DE PIERREComposition originale Paroles Marcel Rabillier Musique Philippe Bonnier InterprĂšte Marcel Rabillier Refrain Entends sous les arbres de pierre Ă l'aube d'un lointain printemps des oiseaux figer la priĂšre voler vers les vitraux du temps. O Compagnon Tailleur de Pierre de tes mains de roches polies tu Ă©veilles au lit des carriĂšres les vierges de nos embellies. L'ombre des contreforts oĂč s'appuyait ta loge vibre encore Ă ta voix, aux cris des Compagnons et ta marque est gravĂ©e au mur que j'interroge sous l'insistant regard d'Ă©tranges modillons. Puis j'effleure du pas la dalle qui rĂ©sonne tu es lĂ qui revĂȘts l'Ă©paule des Vertus. Tu caresses d'amour la gorge des colonnes et habilles d'Ă©toiles le granit des statues.Refrain Les princes de ce monde et leurs brutes stupides ont brisĂ© tes damnĂ©s, violentĂ© tes Ă©lus. Mais au nom de quel dieu dĂ©cider qu'on lapide la rose Ă©panouie au creux de tes mains nues ? Aux ruines du couchant sur ma terre promise ta pierre mutilĂ©e m'est refuge souvent. Je suis Ă tes cĂŽtĂ©s chercheur d'or qui tamise une batĂ©e d'Ă©toiles aux riviĂšres du vent.Refrain Augustin t'enseigna au siĂšcle des aurores que l'unitĂ© est forme essentielle du beau » et tu offres Ă la mer des pierres qui implorent les ciels dĂ©mesurĂ©s oĂč pĂȘchent nos bateaux. L'ocĂ©an Ă©ternel au pied du sanctuaire ferle ses voiles blanches autour des rochers nus et je songe en cueillant l'Ă©cume des nuits claires qui retient les Ă©toiles de ton regard perdu. RefrainEcoutez " La chanson des tailleurs de pierre " par Marcel Rabillier Votre navigateur n'est pas compatible STONE CORNER Paroles Bob Marley Musique Bob Marley InterprĂštes Bob Marley & The Wailers The stone that the builder refused, Will always be the head cornerstone. Sing it, brother! The stone that the builder refused, Will always be the head cornerstone. You're a builder - here I am a stone. Don't you think and refuse me 'Cause the things people refuse, Are the things they should use. Do you hear me? Hear what I say! The stone that the builder refused, Will always be the head cornerstone. Tell me what! The stone that the builder refused, Will always be the head cornerstone. Here I am, baby. I'm a builder's stone. Don't you pick and refuse me, listen! The things people refuse, Are the things they should use. Do you 'ear me? Hear what I say! The stone that the builder refused, Will always be the head cornerstone. The stone that the builder refused, Will always be the head cornerstone. I can be soft as a pillow. Weep like a willow. Caress and bring happiness. Don't refuse me, don't you refuse. Don't, don't, don't you refuse. LA PIERRE ANGULAIRE La pierre que rejette le bĂątisseur Sera toujours la pierre angulaire, chante le frĂšre ! La pierre que rejette le bĂątisseur Sera toujours la pierre angulaire Tu es un bĂątisseur bĂ©bĂ© et moi je suis une pierre Ne me ramasse pas pour plus tard me jeter Car vois-tu la plupart des choses que rejettent les gens Sont des choses qu'ils feraient mieux d'utiliser M'entends-tu ? Ecoute ce que je te dis ! La pierre que rejette le bĂątisseur Sera toujours la pierre angulaire Dis-moi pourquoi ? La pierre que rejette le bĂątisseur Sera toujours la pierre angulaire Je suis lĂ chĂ©rie Et moi je suis une pierre Ne me ramasse pas pour plus tard me jeter, Ă©coute ! La plupart des choses que rejettent les gens Sont des choses qu'ils feraient mieux d'utiliser M'entends-tu ? Ecoute ce que je te dis ! La pierre que rejette le bĂątisseur Sera toujours la pierre angulaire La pierre que rejette le bĂątisseur Sera toujours la pierre angulaire Je peux ĂȘtre doux comme un oreiller Pleurer comme un saule Caresser et apporter le bonheur Ne me refusez pas, ne vous refusez pas Ne, ne, ne vous refusez pasEcoutez " Stone Corner " par Bob Marley Votre navigateur n'est pas compatible LIKE A ROLLING STONE Paroles Bob Dylan Musique Bob Dylan InterprĂštes Bob Dylan Once upon a time you dressed so fine You threw the bums a dime in your prime, didn't you ? People'd call, say, "Beware doll, you're bound to fall" You thought they were all kiddin' you You used to laugh about Everybody that was hangin' out Now you don't talk so loud Now you don't seem so proud About having to be scrounging for your next meal. How does it feel How does it feel To be without a home Like a complete unknown Like a rolling stone ? You've gone to the finest school all right, Miss Lonely But you know you only used to get juiced in it And nobody has ever taught you how to live on the street And now you find out you're gonna have to get used to it You said you'd never compromise With the mystery tramp, but know you realize He's not selling any alibis As you stare into the vacuum of his eyes And say do you want to make a deal? How does it feel How does it feel To be on your own With no direction home Like a complete unknown Like a rolling stone ? You never turned around to see the frowns on the jugglers and the clowns When they all come down and did tricks for you You never understood that it ain't no good You shouldn't let other people get your kicks for you You used to ride on the chrome horse with your diplomat Who carried on his shoulder a Siamese cat Ain't it hard when you discover that He really wasn't where it's at After he took from you everything he could steal. How does it feel How does it feel To be on your own With no direction home Like a complete unknown Like a rolling stone ? Princess on the steeple and all the pretty people They're drinkin', thinkin' that they got it made Exchanging all precious gifts But you'd better take your diamond ring, you'd better pawn it babe You used to be so amused At Napoleon in rags and the language that he used Go to him now, he calls you, you can't refuse When you got nothing, you got nothing to lose You're invisible now, you got no secrets to conceal. How does it feel How does it feel To be on your own With no direction home Like a complete unknown Like a rolling stone ? COMME UNE PIERRE QUI ROULE Il fut un temps oĂč tu Ă©tais bien habillĂ©e, Tu jetais une piĂšce aux clochards du temps de ta splendeur, n'est ce pas ? Des gens venaient, te disaient fais attention poupĂ©e, tu es condamnĂ©e Ă tomber un jour Tu pensais qu'ils Ă©taient tous en train de te faire marcher Tu avais l'habitude de te moquer De tous ceux qui traĂźnaient alentour Maintenant tu ne parles plus si fort Maintenant tu ne sembles plus si fiĂšre D'avoir Ă mendier pour ton prochain repas. Que ressent-on ? Que ressent-on ? Quand on est Ă la rue Comme une parfaite inconnue Comme une pierre qui roule ? Tu as frĂ©quentĂ© les meilleures Ă©coles il est vrai, Mademoiselle Solitaire Mais tu sais que tu n'y as acquis qu'un vernis Et personne ne t'a jamais enseignĂ© comment vivre dans la rue Et maintenant tu dĂ©couvres qu'il faudra que tu t'y fasses Tu disais que tu ne te compromettrais jamais Avec le mystĂ©rieux vagabond, mais maintenant tu te rends compte Qu'il ne vend pas d'alibis Quand tu plonges dans le vide de ses yeux Et tu lui demandes s'il veut bien conclure un marchĂ©. Que ressent-on ? Que ressent-on ? Quand on est Ă la rue Comme une parfaite inconnue Comme une pierre qui roule ? Tu ne t'es jamais retournĂ©e pour regarder les regards furieux des jongleurs et des clowns Quand ils venaient faire leurs tours rien que pour toi Tu n'as jamais compris que ce n'est pas bon De laisser d'autres gens prendre leur pied Ă ta place Tu chevauchais un cheval de chrome avec ton diplomate Qui portait sur son Ă©paule un chat siamois Ce fut trĂšs dur, non, lorsque tu dĂ©couvris Qu'il n'Ă©tait pas ce qu'il Ă©tait supposĂ© ĂȘtre AprĂšs qu'il t'ait pris tout ce qu'il pouvait te voler Que ressent-on ? Que ressent-on ? Quand on est Ă la rue Comme une parfaite inconnue Comme une pierre qui roule ? Princesse sur ton clocher et tout ce joli monde Ils boivent, pensent que pour eux c'est arrivĂ© Echangent toutes sortes de cadeaux et choses prĂ©cieuses Mais tu ferais mieux d'enlever ta bague de diamant, tu ferais mieux de la mettre en gage bĂ©bĂ© Cela t'amusait tellement De voir NapolĂ©on en haillons et du langage qu'il utilisait Va le trouver maintenant, il t'appelle, tu ne peux plus refuser Quand on a rien, on n'a rien Ă perdre Tu es invisible maintenant, tu n'as plus de secrets Ă dissimuler. Que ressent-on ? Que ressent-on ? Quand on est Ă la rue Comme une parfaite inconnue Comme une pierre qui roule ? Ăcoutez " Like a rolling stone " par Bob Dylan Votre navigateur n'est pas compatibleLe11 fĂ©vrier dernier, l'industrie de la mode commĂ©morait les 10 ans du dĂ©cĂšs de Lee Alexander McQueen. Sarah Burton, son bras droit, a depuis repris la direction artistique de la maison AprĂšs la rĂ©union, les journalistes interviewant le Premier ministre soviĂ©tique lui demandĂšrent comment il se faisait quâil sâhabillait si bien Ă lâoccidentale, et Khrouchtchev rĂ©pondit que dans lâoptique dâun dĂ©gel de la Guerre Froide entre les Ătats-Unis et lâURSS, il avait demandĂ© conseil au tailleur italien. Le lendemain, le nom dâAngelo Litrico fut prononcĂ© et Ă©crit dans les journaux du monde entier, en 37 langues diffĂ©rentes, et il fut appelĂ© le tailleur qui, avec ses propres ciseaux, coupa le rideau de fer ». En seulement quatre ans, son atelier sâĂ©tait rempli dâillustres clients, italiens et Ă©trangers, qui lui ont donnĂ© des photos, des Ćuvres dâart et lui ont garanti une reconnaissance ce moment-lĂ , la Sartoria Litrico habillait des noms illustres du calibre dâartistes tels que ManzĂč, Carpi, Consagra, DâOrazio, Mastroianni, Caron, Greco, Cagli, Guttuso; des poĂštes tels que Raphael Alberti, Quasimodo, Ungaretti; des chefs dâorchestre tels que Thomas Schippers, Sinopoli, Caracciolo, Pani, Gelmetti; des acteurs tels que Richard Burton, John Houston, Rossano Brazzi, Amedeo Nazzari, Vittorio Gassman; lâacteur-chanteur Domenico Modugno; des chefs dâĂtat tels que Kennedy, Tito, Peron, Pertini, Nasser, Leskol, Gronchi, Leone, le roi Hussein, le roi Umberto de Savoie, Eisenhower, Mac Milian, Nixon, Kubitschek; Des politiciens italiens tels que Andreotti, Colombo, Preti, Morlino, Tanassi, Malfatti. Parmi ces noms, Christian Barnard, premier chirurgien cardiaque Ă avoir pratiquĂ© une transplantation cardiaque, qui a rĂ©ussi Ă guĂ©rir de nombreux enfants atteints de maladies cardiaques grĂące Ă©galement Ă Angelo, qui payait pour eux des visites auprĂšs de spĂ©cialistes Ă Rome et les frais de dĂ©placement au Cap, Ă la clinique du chirurgien cardiaque, pour ceux qui devaient ĂȘtre lors, la Sartoria Litrico est restĂ©e un atelier incontournable de la haute couture italienne. Aujourdâhui entre les mains de Luca Litrico, le petit-fils dâAngelo, qui aprĂšs trois gĂ©nĂ©rations perpĂ©tue la tradition du tailleur italien et continue de mener Ă bien son travail pour apporter lâĂ©lĂ©gance et le bon goĂ»t aux hommes du monde entier.